M. de Mt. [Montaran] avait dit hier au soir à M. de Fourcade, son autre secrétaire : « Nous avons fait de fausse besogne, il faudra gratter les noms, refaire les lettres pour toutes ces commissions. »
Enfin je me suis transportée chez le petit B. [Blondel], qui m’a d’abord fait valoir que les choses étaient arrêtées avec le ministre ; puis, en le faisant jaser, il m’a révélé fort gauchement les affaires. C’est sans son aveu qu’on avait envoyé M. Villard en Auvergne ; il veut le garder dans son département et le désirait à Sedan ; pour cet effet, il avait aussi et déjà arrêté les commissions qu’il était chargé d’expédier pour sa part. J’ai vite, à mon tour, arrêté le petit chat pour lui dire que je me félicitais que le changement que je demandais ne fût pas le seul à proposer au ministre, que l’opération ne souffrait plus de difficultés pour moi. Il s’est pincé les lèvres et m’a répliqué qu’à présent il voudrait M. Villard à Amiens et ne savait plus qui envoyer à Sedan ; que c’était embarrassant, etc. ; au bout du compte, qu’il croyait la chose possible.
Je prêche pour 5,000 livres au moins, et je disais à M. B[londel] que l’inspection de Lyon était portée pour 4,000 livres sur la caisse du commerce ; que toi, tu devais conserver partout ta gratification de 1,500 livres, et que le total me paraissait juste. En vérité, quand je réfléchis à l’embarras d’un déplacement au milieu de ton impression[1], à une carrière nouvelle, pour ainsi dire, je tremble de te voir livré à trop de travail, je m’inquiète et m’agite… Mais quoi ! Cest chez toi que nous allons ; tu es au-dessus de toute besogne possible d’inspection, tu feras ta place en pantoufles, comme disait Mlle de la B[elouze], que j’ai aussi vue ce matin, et tu demanderas retraite aussitôt que tu voudras. Il vaut mieux faire le déplacement aux frais de l’administration qu’aux nôtres ; nous serons plus à portée, plus en état de préparer agréablement notre réduit à la campagne ; nous vivrons la plus grande partie de l’année à Villefranche : c’est là ce qu’il faudra se ménager bien adroitement avec l’Intendant, qui pour-
- ↑ L’impression de son Dictionnaire.