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sceaux et juger que cela fasse effet, je sacrifie encore un exemplaire des Arts et du reste. Déjà il a dit aux mémoires que ce n’était pas à lui de parler de l’affaire, mais qu’il y donnerait attention et faveur quand elle se proposerait ; ce n’est pas assez. Adieu. Mon pouf de poussin est donc bien gros ? Embrasse-le, je vous embrasse tous deux, vous prends dans mes bras et me repose ainsi. Adieu.


[À ROLAND, À AMIENS[1].]

Jeudi matin, 20 mai 1784, — [de Paris].

J’ai appris des choses étranges ; mon cœur s’est gonflé un instant, mais le sentiment de tout ce dont nous pouvons jouir malgré l’insouciance ou l’injustice de ceux dont tu pouvais attendre des récompenses a bientôt rétabli ma tranquillité. Je cherche à tirer parti des circonstances ; si j’échoue, je m’en consolerai comme du reste, parce que j’espère que tu goûteras le même bonheur que moi. Hier, à sept heures, j’étais chez Cott[ereau] avec le frère ; car je ne pouvais aller seule, aussi matin, chez un garçon. Je sus qu’on projetait beaucoup de remuements : d’établir des inspecteurs ambulants, devant, résider quatre mois de l’année à Paris, et parcourir, durant les huit autres, les provinces où l’on voudrait les envoyer ; qu’il se demandait des retraites ; on cita M. Delo[2], à quoi je souris, en répondant ce dont je savais qu’il s’était flatté. Cott[ereau] dit que ce ne pouvait être pour une inspection générale, mais ambulante, et que la sciatique dont il était tourmenté ne le rendait guère propre à cette dernière place ; qu’au reste il n’était point aimé à Sedan, qu’il désirait en sortir et qu’effectivement M. Bld. [Blondel] avait quelque amitié pou lui parce qu’il le regardait comme un bon travailleur et un homme doux. Je n’ai rien pu savoir sur l’origine du bruit de l’Amérique ; Cott[ereau] n’en

  1. Ms. 6239, fol. 109-110.
  2. De Lo des Aunois. — Voir lettre du 21 mars 1784.