à ma vue ! En vérité, je ne vis plus ici et je commence d’y étouffer.
À l’istant ; le bon frère m’apporte ton paquet avec les adresses ; en peine de me voir jeûner, il a été rôder en bas et prendre ce paquet, arrivé tard, qu’on ne m’apportait point. Je t’embrasse encore, non plus étroitement, mais plus gaiement.
Je ne sais déjà plus par où j’ai commencé ma journée et comment je dois ordonner mon récit. Ah !… Je me souviens d’avoir été chez le Ct de Vdl. [Vaudreuil] à six heures et demie ; j’ai trouvé le domestique du secrétaire[2] qui m’a dit que son maître dormait encore, qu’il s’était couché fort tard, etc. « Eh mais, vraiment, je suis très fâchée de cela, c’est le déranger terriblement ; allez toujours l’éveiller et lui dire que je suis là ». Mon ton résolu étonna le valet qui n’osa résister ; il fut éveiller son maître, qui se leva, me fit des millions d’excuses que j’abrégeai en lui parlant de ce qui m’intéressait. Il a fort bien saisi l’affaire et la nécessité de faire écrire chaudement M. de Vdl. [Vaudreuil] à tous les ministres ; il m’a promis de lire les mémoires, de pressentir le comte et de le porter à faire ce que je puis souhaiter. Mais je ne tiens rien si je n’appuie pas de quelque chose cette volonté vague ; je sacrifierai encore un exemplaire des Lettres, que je vais expédier avec une jolie épître.
Je me suis rendue à l’audience de M. Tol[ozan] ; il était affairé, mais seul dans son cabinet, et prenant l’air adouci d’un ours qui fait le joli : « Bonjour, Madame, n’avez-vous pas été malade ? Il y a longtemps que je ne vous ai vue. Comment vous portez-vous ? Où en êtes-vous de votre affaire ? Nous avons fait ce que nous avons pu ; M. Bld.