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arrivée à Versailles, par M. D. [d’Antic] ; très au long, six pages et plus. La lettre aurait dû vous parvenir avec la mienne du mardi. Elle avait l’esprit tranquille là-dessus, jusques à son arrivée ici que, trouvant M. D. [d’Antic] et lui parlant de sa lettre, elle en a appris qu’il n’en avait rien reçu. À l’inquiétude qu’elle en a pris s’est joint celle de plusieurs commissions, lettres, etc., qu’elle a été obligée de faire faire, de faire porter par des commissionnaires de place ; elle a écrit sur-le-champ à l’hôtesse chez qui elle a logé, et elle attend à présent, avec beaucoup d’impatience, ce qu’elle pourra savoir de la cause d’un contre-temps qui la mettait hier dans une très grande peine. Comme elle est très fatiguée et qu’elle a eu plusieurs expéditions à faire hier au soir, je me suis chargé de vous ébaucher ce qu’elle avait à vous dire là-dessus et de lui porter la lettre avant de sortir pour la remettre au bureau de M. D. [d’Antic], afin qu’elle y joigne quelque chose.

On donnait hier la septième représentation de Figaro. J’attendais la chère sœur pour l’y conduire, mais elle n’arrivait pas, et M. D. [d’Antic], étant arrêté à la vente des effets de Monsieur son père, vint me prier de lui faire le plaisir d’aller donner des passeports pour lui. Je fus donc passer la soirée à son bureau où j’ai beaucoup causé d’un {{M.|Mitier[1], docteur de Paris, qui est aussi en très grande crise avec sa Faculté. Mesmer, pour cette raison, se l’est associé et a été au-devant de lui, quoique ce soit une occasion toute différente qui a brouillé ce docteur avec la compagnie. Il s’agit d’une maladie très répandue, très secrète et plus nuisible peut-être par les fausses craintes et les remèdes qu’elle fait prendre trop dangereux, que par elle-même. M. Mitier prétend la guérir infailliblement et sans danger, comme sans altération du tempérament, avec de simples végétaux ; il offre des preuves et on le raye du tableau.

J’ai reçu une lettre de mon évêque, accompagnée d’une de recommandation pour une comtesse qui peut m’introduire chez Deslon.

Savez-vous que le père Hervier[2] est à Bordeaux, qu’il y gagne beaucoup et qu’il donne la doctrine pour 25 louis ?

  1. « }} Mittié, médecin, rue des Prouvaire, près Saint-Eustache » (Alm. royal de 1784, p. 486). — Il ne s’intéressait pas seulement au mesmérisme. Les journaux du temps sont pleins des ses réclames pour ses remèdes contre la « maladie vénérienne ». (Voir notamment le Moniteur, 9 juillet 1793 ; voir aussi, sur lui et son histoire avec Mlle  Dozon, les Mém. secrets, septembre-octobre 1784, et Goncourt La Saint-Huberti.
  2. Hervier. — Voir Mém. secrets, 9 avril 1784 : « Un augustin, fameux prédicateur,