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affaires, à leur tracas, à leur sécheresse, pour être disposée à répondre ;. du moins, je sens ainsi à ce moment.


Lettre du de Crespy :

À mon retour, mon cher frère, j’ai écrit à ma sœur, à Paris, par l’adresse de M. d’Antic ; mais a-t-elle reçu ma lettre ou non, je n’en sais rien, car je n’ai point reçu de réponse. Je hasarde encore celle-ci par la même voie et, si dans huit jours je ne reçoit point de réponse, je ne m’en servirai plus. J’ai tardé jusqu’à ce jour à vous écrire, parce que je voulais en même temps vous mander quelque chose de notre chapitre ; nous en avons reçu des nouvelles hier[1]. L’on n’avait encore nommé que les définiteurs, qui sont ceux qui font toutes les opérations du chapitre : 1° Dom Le Moine, supérieur général ; 2° Dom Corial, prieur de Cluny ; 3° Dom Gastebois, notre prieur ; 4° Dom Berchoux, prieur de Coincy ; 5° Dom Petitjean, prieur de Châlons ; 6° Dom de La Cuisine, prieur de Nanteuil ; 7° enfin, Dom Debenne, prieur de Layrac. Leur élection a été fort tumultueuse ; il parait que le parti de Dom de La Croix a eu entièrement le dessous.

Dieu veuille nous prendre sous sa sauvegarde, car nous sommes dans une terrible crise ; je vous en dirai davantage la première fois que je vous écrirai, ce qui sera dès que nos opérations seront finies. Donnez-moi des nouvelles de ma sœur et de ma lettre si elle l’a reçue, car tout cela m’inquiète fort. Portez-vous bien tous. Je vous embrasse.


Ce 8 mai 1784.

Je verrai demain au soir le R. Carrichon[2] aux Carrières, je lui parlerai de vous ; je lui en ai déjà écrit deux mots, mais je lui en dirai davantage.

  1. Tous ces détails se rapportent à la grande querelle qui divisait alirs l’ordre des Bénédictions, querelle où les frères de Roland étaient engagés. (« Trop sage pour un moine, il fut persécuté des ambitieux de son ordre », Mémoires, II, 253.) On verra plus loin que Dom de la Croix, dont nous avons déjà parlé (voir lettre du 17 janvier 1783), succomba malheureusement dans cette hutte.
  2. Le R. Carrichon est probablement ce vieux prêtre de l’Oratoire qui, le 22 juillet 1794, se mit sur la passage de Mmes de Noailles allant à l’échaffaud, pour leur donner l’absolution, et qui écrivit la relation de leurs derniers moments. — Voir la Vie de Madame de Montagu, 1868, p.148-170, et la Vie de Madame de Lafayette, Paris, techener, 1868, p. 159 et suiv.

    Les carrières, près de Charenton, était la maison de campagne de Dionis du Séjour, conseiller au parlement, académicien et astronome.