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chose qui m’est accordée da prima sur la simple demande dont j’avais chargé le secrétaire.


P.-S. de Lanthenas, [du 7 au matin] :

Je me suis chargé, mon ami, de vous expédier les lignes ci-dessus et d’y ajouter ce que la soirée d’hier fournissait à la chère sœur à vous dire. Elle est rentrée hier à neuf heures et demie, assez fatiguée : nous venions des boulevards où nous avions été obligés de nous réfugier, encore avec peine, aux Variétés amusantes[1]. Le Théâtre-Français était assiégé, longtemps avant quatre heures, par plus de monde qu’il n’en faut pour remplir ce qui n’est pas loué d’avance. J’y parus alors pour me procurer des billets, je dus y renoncer après avoir tenté de me pousser. Un pauvre diable à demi étouffé fut élevé par-dessus les têtes et tiré du centre où je suis étonné qu’il n’ait resté foulé aux pieds. Cette foule était au bureau des secondes, premières et galeries, et il y avait déjà aux portes de la Comédie, en personnes pourvues d’avance, de quoi les remplir. Je suis revenu à l’hôtel. J’ai proposé à la chère sœur la Caravane qu’on donnait à l’Opéra. Nous y avons couru ; tout était plein, les secondes même, avant cinq heures, et nous nous sommes rabattus aux boulevards que nous avons trouvés pleins de gens qui, comme nous ; y affluaient des Français, de l’Opéra ou des Italiens[2] où la Reine est venue, après la revue du Roi, voir Blaise et Babet[3]. Nous n’avons point été fâchés d’avoir vu le spectacle que nous avons rencontré. La chère sœur a mis dans son répertoire plusieurs petites pièces qui peuvent être citées, et puis le fameux Volange[4], plus fameux encore sous le nom de quelques rôles triviaux qu’il a joués avec un concours prodigieux.

J’espère, mon ami, que nous nous reverrons bien et longuement avant aucune longue séparation ; et puis, pour mon compte, aura-t-elle lieu ? Il faut avouer que ce n’est encore guère avancé. Je reçois hier une lettre qui doit, je

  1. Le théâtre fondé par le comédien Léclusse en 1775 et transporté, depuis octobre 1781, à la foire du faubourg Saint-Germain. (Voir Mémoire secrets, 30 octobre 1781 et 21 mai 1785).
  2. L’Opéra-Comique.
  3. Blaise et Babet ou La Suite des Trois Fermiers, deux actes en vers, avec ariettes, paroles de Monvel, musique de Desaides. (Voir Mémoires secrets, 29 et 30 juin, 6 juillet 1783.)
  4. Volange. — Voir sur ce comédien, créateur du type de Janot, et sur ses aventures avec le public, les Mémoire secrets, février, mars et novembre 1780, février, août et septembre 1781, mai et juin 1783.