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matin durant mon absence et qui doit revenir vers quatre heures. C’est le seul parent, de mon côté, que je semble avoir et que j’aie effectivement.

Je vais prendre une prise de forte-piano ou d’anglais. Adieu, mon bon ami, je commence à voir le bout de nos affaires, sans savoir quel il sera ; mais quel qu’il soit, je revolerai près de toi avec bien de l’empressement. Au moment où je te donne cet adieu, l’ami, son aimable sœur arrivent et me chargent pour toi de mille choses. Je te quitte pour me livrer au plaisir de les entretenir et de partager tout ce qui les affecte. Adieu, mon ami[1].


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[A ROLAND, À AMIENS[2].]
Jeudi, 6 mai 1784, — [de Paris].

Le paquet des bureaux et ta lettre d’hier, mon bon ami, m’arrivent en même temps ; la lecture de l’un et de l’autre m’a fait répandre des larmes d’attendrissement, de plaisir et de regrets. Rien ne peut réveiller les charmes du sentiment qui rend notre union si douce sans me rendre plus pénible l’éloignement où je suis de toi. Je l’apprendrai de nouveau que, préalablement et par crainte de ne pas avoir audience avant samedi, j’avais écrit à M. Bld. [Blondel] une assez jolie lettre, et elle venait de partir lorsque j’en ai reçu une de ses bureaux où l’on mande que M. Bld. [Blondel] me recevra demain, à onze heures, avec plaisir. J’ai trouvé l’expression douce, autant que la

    Cependant on en pourrait douter d’après ce qui a suivi… Devinez ? Nous nous sommes embrassés bien fort, bien fort, et vous étiez entre nous deux. « Je lui envoie celle que je reçois datée d’hier. »

  1. Suit un affectueux et reconnaissant post-scriptum de Sophie d’Antic. Elle appelle Madame Roland « ma charmante sœur… Je l’aime en vérité comme on aime une bonne sœur… »
  2. Ms. 6239, fol. 83-84.