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que je ferais une seconde, si j’ai du temps de reste ; car je veux voir aussi la Caravane. Quant à Figaro, il faut se dépêcher : on a envie de la (sic) faire tomber, on répand que la Reine a dit qu’elle n’y viendrait pas, parce que cette pièce était indécente, et bientôt il sera du ton pour beaucoup de femmes de n’y pas aller. Du moins, c’est ce que prétendent certaines gens et Mlle de la B[elouze]. À la première fois, qu’on la donnera, je tâcherai de ne pas la manquer.

La virtuose, dont les conseil me ferait tant de bien, vient trois fois la semaine dans mon voisinage ; mais les audiences ou autres courses ne me permettent pas toujours de la recevoir à l’heure où il lui est possible de venir, et je n’ai pu en profiter encore qu’une fois depuis la première. Je ne puis aller au spectacle sans perdre de l’anglais et de M. Parault. C’est ainsi que tout se compense.

Le livre de M. de Vin est joint aux autres ; ce n’est pas, si je me rappelle bien, un volume d’histoire naturelle, comme tu me l’écris, mais seulement d’histoire : au reste, tout cela est chez Flesselles, qui ne part point encore avant dimanche, parce qu’il a promesse du contrôleur général pour samedi et que ses nouvelles demandes seront discutées au Comité prochain. Je n’ai pas revu M. de Bray depuis l’envoi de la note ; le frère est passé hier chez lui sans le rencontrer. Il n’y a rien de nouveau de Rouen. Tu ne me dis plus rien des Anglaises.

Je n’ai rien reçu de toi depuis ta lettre de dimanche, quoique j’en aie trouvé trois en arrivant. J’en ai toujours faim et je compte les jours où il ne m’en vient pas. Peut-être l’ami d’Antic m’en apportera-t-il cet après-midi. Nous avions fait partie d’aller voir la pompe à feu ; je ne sais si cela tiendra[1]. J’attends le chanoine, qui est venu ce

  1. La machine que venaient d’établir à Chaillot les frères Perrier. Et Bosc d’écrire à Roland, le 6 mai (ms. 6239, fol. 86) :

    « En vérité, mon cher, vous êtes un bien méchant homme. Comment est-il possible ? Vous savez combien votre légitime amie est fatiguée de ses travaux, et vous laissez couler deux jours, deux jours entiers, sans lui procurer un moment de délassement par la lecture d’une misérable lettre. Cela est affreux ! Aussi avons-nous juré contre vous hier au retour de la pompe à feu ; il fallait entendre les projets de vengeance ! Nous nous en sommes occupés pendant plus d’une heure ; on a presque versé des larmes (ce ne pouvait être que des larmes de rage).