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« Oui, Monsieur, l’observation est également exacte et judicieuse, el c’est ce que Mme  d’Arb[ouville] a répondu ; M. le marquis d’Arb[ouville] a donc présenté les mémoires à M. de Calonne en lui exposant ce qui avait déjà été fait près de M. de Verg[ennes], et les mémoires sont actuellement renvoyés à M. Bld. [Blondel]. Mais j’ai eu à cet égard une contrariété sensible ; j’ai donné à Mme  d’Arbouville le précis que vous avez bien voulu rendre le meilleur possible par vos avis ; je l’ai priée de le présenter seul ; elle a exigé que je lui laissasse y joindre les autres mémoires, par la raison qu’ils avaient déjà passé sous les yeux de M. de Verg[ennes] ; je me suis vue forcée d’y consentir sous peine de lui donner des doutes de la sincérité des faits qu’ils contiennent, et j’ai l’honneur de vous en prévenir. — « Tant pis, ils seront plus nuisibles qu’utiles à votre affaire ; enfin nous nous expliquerons généralement sur ces mémoires. Il y a aujourd’hui travail avec M. le contrôleur général. S’il nous parle de l’affaire, nous voilà prévenus, vous avez fort bien fait de venir ; adieu. Madame, nous sommes tous disposés à vous obliger ; adieu, Madame… » Encore trois ou quatre « Adieu, Madame », dits si drôlement, en me reconduisant, qu’ils étaient moitié congé, moitié compliment, et tout envie de bien faire. J’ai bien dit aussi que je n’aurais pas manqué de l’informer, que je le lui devais à tous égards et que j’étais très sensible à sa bienveillance. Je suis allée faire une petite visite d’honnêteté au bon M. Val[ioud] et lui dire où en étaient les affaires. « Vous les avez tous retournés, suivant ce que m’a laissé voir M. Tol[ozan] ; ils n’étaient pas de ce ton-là avant que vous vinssiez, et je crois bien qu’ils ont envie que vous réussisdiez. » À la bonne heure ! J’ai aussi été faire une petite visite, toute semblable, à M. Rousseau, toujours honnêteté aimable.

J’avais été ce matin, près du Palais Bourbon, chez le comte de Vaudreuil, qui, avant sept heures, était parti pour Versailles avec son introuvable secrétaire. De là j’ai cherché M. Cottereau ; il n’était point encore au bureau, et, comme j’étais seule, je n’ai pas jugé décent d’aller le trouver chez lui si matin. Je suis, revenue faire ma toilette pour me transporter au Saint-Sacrement ; j’ai informé Mlle  de la B[elouze] qui