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[À ROLAND, À AMIENS[1].]
Lundi soir, 3 mai 1764, — [de Paris].

À plus de huit heures hier au soir, l’abbé Gloutier est revenu me dire que M. d’Arbouville avait été trouver M. de Calonne, lui avait dit qu’il venait l’entretenir d’un inspecteur que trente années de travaux utiles et considérables, des connaissances et des instructions acquises et répandues rendaient digne de récompense, et qu’il demandait comme telles des Lettres de n[oblesse]. À quoi le ministre n’a pas manqué d’objecter la rareté de cette distinction, la difficulté, etc. M. d’Arbouville a insisté sur les raisons d’exception, a fait valoir le jugement avantageux qu’avait déjà porté M. de Verg[ennes] (ce qui a paru faire impression) et a fini par observer qu’au reste ce ne serait pas faire une grande grâce, puisque les auteurs du sujet avaient joui des privilèges de cette nob[lesse] que celui-ci réclamait. Le ministre a pris les mémoires et a promis de les examiner. J’étais aux aguets et j’ai su aujourd’hui que, l’instant d’après, M. de Calonne avait envoyé les papiers à son bureau des dépêches d’où ils avaient été expédiés aussitôt à M. Bld. [Blondel]. Je vais demain matin chez M. de Vaudr[euil], dont je verrai le secrétaire pour qui j’ai une lettre ; de là je me rends rue de Varennes[2] pour faire ma cour au petit Cotr. [Cottereau], qui sera sûrement chargé par son maître de l’extrait des mémoires ; je reviens ici me faire coiffer, je cours chez notre Intendant[3], je vais causer avec Mlle  de la B[elouze] qui a près d’elle actuellement une amie de M. Bld. [Brondel] qu’elle se propose de faire agir près de celui-ci. S’il me reste du temps, j’irai à l’Opéra, et la journée sera bien remplie. Je te conterai de bouche mes détails de petites courses et sollicitations

  1. Ms. 6239, fol. 73-74. — Le manuscrit dit 4 mai, mais il faut lire 3 mai, car le 4 mai 1784 était un mardi.
  2. Blondel demeurait rue de Varennes (Almanach royal de 1784, p. 217).
  3. M. d’Agay, rue de Berry, au Marais.