Je te quitte, mon bon ami. M. Parault entre à l’instant ; j’ai couru cet après-midi pour une pension pour Flesselles[1] ; je n’ai rien trouvé de bon. Je t’embrasse de tout mon cœur.
Le brave Flesselles ne part plus ; il a reçu de meilleures nouvelles de chez lui et il se décide fort sagement à ne point quitter jusqu’à ce que tout soit fini, puisque dans huit jours le contrôleur général doit aller voir sa machine, suivant la promesse qu’il lui en a faite à lui-même. L’arrêt est bien prononcé, et il accorde seulement trente mille livres avec un privilège de dix ans ; mais il ne serait pas impossible que, le coup d’œil de M. de Calonne lui faisant bien saisir tous les avantages de la machine, il en résultât quelque facilité d’obtenir des changements dans l’arrêt sur divers points. D’ailleurs, c’est l’instant de mettre en train l’affaire des cartons. Ainsi notre ami sera encore une dizaine de jours dans ce pays, au moins ; il est trop probable que j’y serai davantage, car nos petites gens sont du plus difficile accès. Je n’ai point encore reçu de réponse du Tlz. [Tolozan] ; d’après quoi, je ne puis aller en avant pour m’assurer des rendez-vous d’aucun autre.
Flesselles m’a conduite ce matin à l’hôtel de Noailles[3], où j’ai trouvé la lettre du maréchal pour notre homme ; j’en userai ou n’en use-
- ↑ Ou plutôt pour la plus jeune fille de Flesselles. — Voir lettre du 19 août 1783.
- ↑ Ms. 6239, fol. 46-47.
- ↑ Il y avait à Paris deux hôtels de Noailles : l’un rue Saint-Honoré, no 235, presque en face de la rue Saint-Roch. Il a disparu pour faire place à la rue d’Alger (Vie de Madame de Montagu, 1868, p. 6) ; c’était celui de la branche ainée. L’autre, rue de l’Université (voir lettre du 1er avril 1785) ; c’était celui de la branche cadette, c’est-à-dire du maréchal de Mouchy et de son fils le prince de Poix, — et c’est là que Madame Roland allait solliciter.