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au couvent de l’Assomption[1]. Mais tous ces projets me laissent encore une heure que je veux employer à t’écrire.

Soir. — Vains projets ! J’en étais là quand l’ami d’Antic est venu m’offrir son bras pour mes courses ; mais, ne voulant pas que je fisse celle du couvent, je ne suis partie qu’à près de midi ; nous sommes demeurés ensemble au coin du feu, à causer peu, sentir beaucoup, il n’avait pas de bureau, il n’ose se présenter nulle part, il traîne son chagrin et craint d’en accabler ceux qu’il aborde ; l’incertitude de l’état de sa sœeur fait son tourment. Nous avons été voir Mlle de la Blz. [Belouze] ; il n’y a pas de place au Saint-Sacrement ; l’appartement sur lequel on avait des vues pourra être libre dans peu, mais à une époque indéterminée. Je t’ai dit que j’avais causé avec M. Valioud, et que, sans lui faire connaître quelle avait été ta demande, je lui avais dit que ces Messieurs ne s’étaient pas prêtés à un témoignage que tu réclamais d’eux et qu’ils s’étaient appuyés de l’indisposition de M. Tlz. [Tolozan]. M. Valioud n’y croit pas. Mlle de la B. [Belouze] pense qu’il serait bon de le voir avant tout autre, parce qu’il n’y a aucun inconvénient à cette démarche, et que, se l’étant concilié, on pourrait s’en prévaloir auprès de ceux qui faisaient tant de bruit de son opposition ; elle pense que M. de Mt [Montaran] n’est à voir que le dernier, parce qu’il s’est mis dans la tête qu’il ne te convenait pas de solliciter ces Lettres, parce que, si je vais moi-même recevoir de lui un nouveau témoignage de cetté façon de penser, nous ne pourrons plus aller en avant sans que ce soit lui dire qu’on ne se soucie pas de son avis, ce qui serait anéantir l’espoir de se le concilier jamais dans aucune circonstance. M. Tolz. [Tolozan] n’étant pas ou n’ayant pas été envisagé comme M. de Mt [Montaran] sous le rapport d’un protecteur, on peut aller avec moins d’inconvénients contre sa volonté témoignée. Il s’agirait donc de se concilier M. Tolz. [Tolozan], de voir aussitôt M. Bld. [Blondel] avant même que M. de Mt [Montaran] fût de retour de la

  1. Le couvent de l’Assomption touchait à l’extrémité N.O. du jardin des Tuileries, en face de l’Orangerie.