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le Journal de France[1] ; il rassure sur M. Crélu et apprend que Porquier est parti et que son effet ne vaut plus rien, il y perd 400tt ; mais j’ai quelque idée de t avoir mandé cela hier. Je n’ai point vu ta lettre par les bureaux ; elle viendra à son temps. Je compte aller mardi à Vincennes avec mes deux acolytes[2] ; j’en écrirai à l’oncle. Je leur ai donné hier mon petit dîner de ménage. Notre ami va aujourd’hui à son bureau pour la première fois, il y recevra ta lettre ; il y ira maintenant tous les jours, excepté celui de Pâques, et il m’a dit que tu pourrais m’écrire par lui dorénavant. Il n’est occupé que de sa sœur ; il ne voit que le malheur d’une fille qui perd toute espérance flatteuse avec celle de la fortune ; il est déchiré, poursuivi par cette idée et n’a pas un moment de repos.

Assurément, je resterai pour les voir et les consoler ; car, au milieu de toutes les relations, je ne crois pas qu’ils aient personne qui s’identifie autant à leurs maux. Le frère te dit mille et mille choses et t’écrira par les bureaux.

Adieu, mon bon ami, je t’embrasse de tout mon cœur, et la petite Eudora, que tu prendras sur tes genoux à mon intention, en lui rappelant le nom de maman que la friponne oublierait sans tes soins. Adieu, ménage-toi bien, conserve ta sérénité pour n’avoir pas besoin d’en faire paraître avec effort. Mlle  de la Blz.[Belouze] est bien de l’avis qu’il n’y a absolument rien à tenter que de voir ces Intendants.

Adieu encore ; Lavater à un autre jour. Amitié à la société, à M. d’Hervillez, etc. Je suis bien en peine de savoir si tu ressens toujours quelque chose au derrière et si le magnétisme te fait bien digérer et un peu dormir.

  1. Les Affiches, annonces et avis divers, feuille que rédigeait l’abbé de Fontenay, et qui, en 1784, prit pour sous-titre ou Journal général de France. — Voir Hatin, p. 19. Cf. lettre du 31 janvier 1785.
  2. Bosc et Lanthenas.