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[À ROLAND, À AMIENS[1].]
Lundi, 5 [avril 1784, — de Versailles.

J’ai beau tourner, il est constant que les mémoires une fois présentés au contrôleur général seront renvoyés aux intendants du commerce ; c’est la marche dont les ministres ne s’écartent jamais que par des exceptions infiniment rares ; c’est par cette marche que M. de Vergenne a déjà renvoyé au contrôleur général, tandis qu’il aurait pu faire ce que nous voudrions que fit aujourd’hui M. de Calonne, juger seul et agir. Cependant il avait fait informer à Lyon[2], et M. de Flesselles, l’Intendant a fait le rapport le plus favorable sur ta famille et ta personne. Je tiens cela de M. de Ville[3], secrétaire de M. de Vergennes, homme le plus honnête et le plus doux.

Je sais aussi que la Reine a déjà demandé la place d’inspecteur général, et qu’elle a été refusée parce que cette place est destinée à un inspecteur de province qui doit y monter par rang d’ancienneté. Juge si le petit Bld.[Blondel] a de l’influence ! J’ai appris cette anecdote d’un homme de rien, mais de beaucoup d’esprit pour les affaires, et qui a su gagner cinquante mille livres de rentes, qui a de l’accés chez la Reine, à laquelle il avait fait demander cette place d’inspecteur général pour un ami ou protégé, car les gens de toutes les classes ont ici leurs protégés.

Les personnes les plus puissantes auprès de M. de Calonne, parce qu’elles sont les plus en crédit, sont : M. et Mme  de Polignac, le comte

    desquels Roland n’était trouvé lorsqu’il était sous-inspecteur à Lodève (1764-1766), l’Appendice D.

  1. Ms. 6239, fol. 28-29.
  2. Voir, à l’Appendice J, la lettre de M. de Vergennes à l’Intendant de Lyon, du 10 décembre 1783, et la réponse du subdélégué, du 10 janvier 1784, plus bienveillante que concluante.
  3. « M. Deville, premier secrétaire du ministre [M. de Vergennes] » (Alm. royal de 1784, p. 246).