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toute autre chose ; ce n’est pas avec notre ami, au moins ! Les partis pour les pièces de théâtre se reposent ; c’est la musique qui remplit la scène. On n’aime plus Gluck, on balance entre nos autres compositeurs et l’on se dispute comme des enragés sur ta perfection de l’art.

Je reviens à Lavater, qui, pour les peintres surtout, est un homme à étudier ; mais je lui reproche de manquer de méthode : on cherche avidement une suite de propositions, de principes qui fassent la base de la science physiognomonique ; on ne trouve que des descriptions, des portraits, une foule de faits qui exigent la plus grande attention et un vrai travail pour être appliqués avec fruit aussi bien que…[1].

Cependant je conclurai toujours que la somme des idées neuves et les charmantes gravures de ce recueil méritent la recherche des curieux. Il n’y aura même que des gens de goût qui apprécient l’ouvrage, de même que les penseurs pourront seuls en profiter, car les résultats n’en sont pas assez clairs pour satisfaire les gens du monde, qui s’en riront un moment.

Vois-tu toujours M. Déjan[2] à la magnétisation ? Rappelle-moi à cette société où l’espérance doit faire régner un jour qui ne se trouve guère dans l’ennui des cercles. Le frère est employé du matin au soir par son évêque[3] qui ne finit point de partir. Je n’ai point encore vu Flesselles. Je copie nos mémoires ; j’ai corrigé de la soierie la feuille i, finissant par grandeur des dessins, page 72. La copie correspondante finit à la page 156, par ces mots : la haute lisse. Je te donne ces renseignements pour la feuille suivante.

La bonne soupire Eudora à chaque mouvement de respiration. Je ne suis préoccupée que de la crainte de trop de travail pour toi ; ménage bien ta santé ; je t’embrasse de toute mon âme.

Point de lettres de toi aujourd’hui, c’est jeûne à mon hôtel ; tu auras été entrepris par les épreuves de Cellot.

Tu me manderas tout de suite ce qu’aura coûté le premier paquet

  1. Manque un mot au manuscrit.
  2. M. Déjan. — Nous ne savons rien sur cet habitant d’Amiens.
  3. Marie-Joseph de Galard de Terraube, évêque du Puy (1774-1790), mort en émigration en 1804.