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décisif : demain, elle pense d’aller à Versailles ; je l’accompagnerai sans doute. Nous attendons M. Flesselles cependant, pour savoir s’il va demain aussi à Versailles ; dans tous les cas, je suis prêt a suivre la chère sœur et à faire tout ce qui doit servir a la réussite d’une affaire bien juste ; mais ce n’est pas ce qui pourrait la faire réussir, si elle n’est appuyée comme la chère sœur a quelque espérance qu’elle peut l’être. — Nous avons beaucoup causé de mesmérianisme avec la chère sœur. Je suis un cours d’électricité dont vous aurez vu le prospectus dans le Journal de Paris. J’ai voulu encore, avant de quitter la capitale, voir ce que disent les docteurs sur une matière qui a tant de rapport avec cet agent caché de Mesmer, si ce n’est pas lui-même, comme quelques-uns le prétendent.

Adieu, mon ami, ménagez-vous et donnez-nous de vos nouvelles.

Surtout[1] ménage bien les diminutions et la suppression des bois ; va par degrés insensibles. Je t’embrasse encore bien tendrement.


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[À ROLAND, À AMIENS[2].]
Lundi, 22 [mars 1784], à 9 heures du soir. — [de Paris]

Je reviens de Versailles, mon bon ami ; je suis arrivée avec le frère chez l’abbé Gloutier à onze heures et demie ; nous avons causé une demi-heure de toi et de l’affaire assez vivement. L’abbé est doux, tranquille, honnête, un peu grave et en même temps comme embarrassé dans ses manières, ainsi qu’il est fréquent pour les gens d’étude ; il partage la vénération de Despréaux pour toi, et tes mémoires, pour l’affaire même, ont fait fortune dans cette maison. À midi, il m’a conduite chez Mme  d’Arbouville ; j’ai rempli mon objet, ma mission, en ce que je l’ai instruite des faits et des causes avec le plus grand détail, que je l’ai pénétrée de tes raisons et de tes droits et que je l’ai laissée mieux disposée que jamais à nous obliger. Je suis demeurée plus d’une

  1. Écriture de Madame Roland.
  2. Ms. 6239, fol. 6-7.