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Flesselles est venu m’apporter trois cent trois livres 4 s. Il doit voir, prier à dîner le secrétaire de M. de Calonne[1], le faire jaser, tâcher de savoir si ce ministre fait beaucoup de cas des Intendants du commerce, s’il a un système sur cette partie, quel il est, etc. ; il me donnera, a toute bonne fin, sa connaissance ; je pourrai faire aussi celle de M. Faucon[2]. Il ne désespère pas de me faire avoir la recommandation de Mme de Polignac[3], de Madame Adélaïde[4], de Mme la duchesse d’Array[5], etc. ; il va aujourd’hui à Versailles et peut-être y reviendra avec moi. C’est de l’ensemble de ces choses, de ce que je croirai pouvoir en espérer, qu’on pourra prendre une résolution. J’ai fait hier la copie de toutes tes lettres, bien rangées, avec les réponses de ces messieurs en original que je mets à leur place ; j’y ai joint un résumé de deux pages qui servira à rappeler à Mme d’Arbouville tout ce que je lui aurai dit. Si l’on sollicite, comme je suis toujours tentée de le faire, il me faudra je ne sais combien de copies de tes deux mémoires[6], car la manière, c’est de les faire présenter par tant de personnes que le ministre soit entraîné par l’envie d’obliger beaucoup de gens de crédit. C’est ainsi que notre ami a fait ; son affaire est en bon train ; il est bien content que tu l’aies fait rester ici ; il pense que M. de Calonne

  1. Il s’appelait Collart. — Voir lettre du 26 mars.
  2. Probablement « M. Faucond, receveur général des domaines et bois de Versailles, Marly, etc… » (Alm. de Versailles, 1784, p. 267). Nous savons du moins (lettre du 1er avril 1785) que c’était un familier de la maison de Noailles, dont Flesselles promettait la protection aux Roland. — Cf. P.V.C., 23 brum. an ii = 13 novembre 1793 : « Faucon, gouverneur de Versailles, est invité à rendre ses comptes… »
  3. Yolande-Martine-Gabrielle de Polastrou, duchesse de Polignac, gouvernante des enfants de France et favorite de la Reine (1749-1793).
  4. Marie-Adélaïde de France, fille aînée de Louis XV (1732-1800)
  5. Lire d’Havré. ‑ Branche des De Croy, maison de Picardie. – Le duc d’Havré fut, en 1789, député de la noblesse du bailliage d’Amiens aux États généraux.
  6. Les deux mémoires sont : ° un mémoire d’extraction pour établir les titres de famille de Roland à ses lettres de reconnaissance de noblesse ; 2° un mémoire des services, pour énumérer les services de l’inspecteur des arts et manufactures. — Ces pièces existent aux Papiers Roland, ms. 6243, fol. 5-58, tantôt en brouillons, tantôt en copies au net, presque toujours de la main de Madame Roland. Le second mémoire est d’un réel intérêt.