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del]] que, celui-ci l’ayant communiquée à ses confrères, tous se trouveront offensés dans sa personne, et que M. Tloz. [Tolozan] l’obligea de la mettre sous les yeux de M. d’Ormesson[1] ; que ce ministre la jugea tellement contraire aux règles de la subordination, qu’il demanda quel homme on voulait lui proposer pour mettre à ta place ; à quoi ils répondirent qu’ils n’allaient point jusqu’à demander ta révocation, mais seulement une lettre qui te fît rentrer dans le devoir. Comme tu n’as pas reçu de lettre, je douterais volontiers du fait, en partie du moins. Mlle  de la B. [Belouze] pense que, dans le moment où tu as écrit pour l’affaire en question, où elle a fait des démarches relatives, la révocation était en suspens. Ils tournent en mal tous tes ouvrages, te font des torts de tout, disent que tu as fais beaucoup de choses, mais non ta place, etc. D’après quoi, elle pense qu’il serait bien téméraire de poursuivre l’affaire par Mme  d’Arb[ouville][2], en instruisant le contrôleur général[3] de tout ; il est douteux, dit-elle, que ce ministre s’en tienne à ce qu’on lui dirait d’une part ; il consulterait les Intendants du commerce et, par la fâcheuse tournure que ceux-ci

  1. M. D’Ormesson fût contrôleur général du 31 mars au 3 novembre 1783. Nous avons ainsi l’époque approximative de la lettre incriminée.
  2. C’est par Cousin-Despréaux que Roland avait été recommandé à Mme  d’Arbouville (lettre du 9 avril 1784) et à l’abbé Gloutier, familier de la maison (lettre du 22 mars 1784).

    Félicité-Françoise-Sophie Freteau, fille de M. Freteau, maître des comptes, née en 1747, avait épousé en janvier 1766 le marquis Gaspard-Louis Chambon d’Arbouville, né en 1735, capitaine de cavalerie*

    En 1784, le marquis d’Arbouville était un des trois lieutenants généraux du gouvernement de l’ile-de-France (Alm. royal de 1784, p. 187 ; de Roussel, État militaire de la France) et probablement capitaine aux Gardes, comme l’avait été son père (voir la lettre du 1er mai 1784) ; il devint ensuite maréchal de camp.

    Le marquis et la marquise d’Arbouville, englobés dans la « conspiration des prisons », furent condamnés à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris et guillotinés le 9 juillet 1794 (Wallon, Trib. revol., IV, 435).

    *. C.Hippeau. Paris et Versailles, Paris, Aubry, 1869, 1 vol. in-8o ; p. 20. Bulletin des nouvelles adressées 22 rue d’Harcourt, gouverneur de Normandie. — Le texte dit Herbouville, mais la prononciation confondait alors Herbouville et Arbouville. — Les Chambon d’Arbouville sont absolument distincts des Colard d’Herbouville, également marquis, famille alors des plus considérable à Rouen.

  3. Calonne.