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réponse, tant je suis fâchée d’avoir dît un mot qui vous fasse prendre cet air-la. La paix soit faite, s’il vous plaît ; nous sommes tristes quand nos amis ne sont pas très contents, et je serais inconsolable si je me trouvais être pour eux la cause d’une ombre de peine. Au reste, je vous prouverai combien ma phrase était gauche, et la confiance avec laquelle nous vous demanderons ce que le zèle amical peut fournir vous fera voir qu’il fallait que l’un des deux se fût bien trompé, soit en l’écrivant, soit en la lisant.

Je vous dirai, pour nouvelles de santé, que l’ami est aujourd’hui dans sa purgation de quinzaine ; il est faible et travaillé ; le bras donne très bien, mais la présence et l’action de l’humeur aux endroits qu’elles se sont affectés sont toujours les mêmes.

Il fait une sécheresse désolante pour nos campagnes, elle ne favorise que les promeneurs pour le moment ; nous sommes cependant demeurés hier, retenus par des survenants ; mais, à l’heure présente, je vous quitte pour aller acheter des fleurs. Adieu ; connaissez vos bons amis qui vous connaissent bien aussi et qui vous aiment tant à cause de cela.


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[À BOSC, À PARIS[1].]
23 avril 1783, — [d’Amiens].

Vous avez trop d’âme pour qu’on vous reproche d’avoir des sens ; ce serait au moins une inconséquence. Il est permis à vingt-cinq ans d’oublier Aristote pour de beaux yeux, et il serait bien étrange de n’être pas graciable au tribunal d’une femme pour un tel fait. La paix soit faite d’ailleurs, c’est bien mon avis aussi.

J’ai souri a votre empressement de voir M. de Vin ; votre active amitié mesure les autres sur elle : mais le bon M. de Vin est l’homme du monde qui aperçoit le moins toutes ces petites choses qui vous intéresseraient, parce que

  1. Bosc, IV, 54 ; Dauban, II, 492.