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t’emhrasse à tort et à travers. M. Duperron ne m’a seulement pas accusé la réception du mandat que je lui avais envoyé : je lui ai fait hier sa petite leçon, en six lignes, qu’il recevra par la poste.


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[À ROLAND [À PARIS[1].]
vendredi, [31 janvier 1783, — d’Amiens].

Je reçois ce matin vendredi, mon cher ami, un paquet de Villefranche contenant une lettre de M. Dessertines, et, ce qui est bien meilleur, une de notre cher frère, si tendre et si affectueuse, que j’en suis pénétrée plus que je ne saurais dire ; mais je ne te l’envoie pas, tu la trouveras ici. Je ne sais à quelle heure tu partiras demain, mais j’imagine que tu recevras le courrier auparavant, et, dans tous les cas, je ne suis pas en peine de ce que deviendra ma lettre. J’envoie au fidèle Achate un petit mot italien ; je te charge de tout pour M. d’Antic, et ce n’est pas peu dire ; je ne lui écris pas, je le crois assez occupé

  1. Ms. 6238, fol. 239. — Il y a « vendredi » dans le corps de la lettre, et l’on y voit d’autre part qu’elle fait suite immédiatement aux précédentes. — En haut, à gauche : « M. de Lap. »

    Suit un post-scriptum de Bosc à Roland. Nous croyons utile de donner presque toujours ces post-scriptum, qui concourent à la physionomie de la correspondance. Celui-ci montre comment elle se pratiquait : en faisant passer ses lettres à son mari par Bosc (pour épargner les ports). Madame Roland les lui envoyait tout ouvertes, tant était grande l’intimité, et il y ajoutait à l’occasion une ligne ou deux pour son ami :

    Le 1er février, soir.

    Et moi aussi, je veux après, vous dire seulement qu’en vous quittant je suis allé au bureau et que j’y ai trouvé les bas de Germain* qui ne les avait envoyés le 31 qu’à une heure, après mon départ. Que fait-il en faire ?

    Je vous ai quitté gaiement, mais je n’ai pas été plus tôt rendu à moi-même que votre départ m’a occupé l’esprit et que j’y pense encore désagréablement.

    *. M. Germain, bonnetier à Paris, rue du Faubourg-Saint-Jacques (Alm. de Paris de 1785, p. 18), était un des industriels qui avaient mis le plus de complaisance à fournir des reseignements à Roland pour son œuvre. — Voir Dict. des manufactures, I, 42 : « Dès 1776, M. Germain découvrit le moyen d’exécuter le tricot doublé. » — Ibid, p. 57 ; — Ibid, t. II, Supplément, p. 60-61.