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n’ai pas encore vu il signor cavaliere servente ; il est toujours occupé à ne rien faire ou à politiquer ; j’ai envoyé hier un mémento qui a fait revenir l’Almanach.

Je t’écris sur ta petite table, mais je promets bien de ne plus me servir du papier que j’y trouve ; il me brouille la vue tant il boit ; je souhaite que la tienne en soit moins fatiguée. Et Mlle  de la Belouze ? Et la cara cugina[1] ? poverina ! Tu ne peux encore voir ces gens-là de sitôt. Je me souviens que j’aurais pu écrire à Mlle  de la Belouze…, mais il est peut-être un peu tard.


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[À ROLAND, À PARIS[2].]
Vendredi, 17 [janvier 1783, — d’Amiens].

MM. de Bray et Flesselles étant hier ensemble avec moi, je leur dis que j’avais des détails de l’affaire qu’ils connaissaient, concernant D. de La Croix[3]. Ils me demandèrent avec empressement où elle en était : je leur lus ce qui nous en avait été écrit, remarquant que ces drôles de Montdidier triomphaient, malgré les plaintes de l’évêque d’Amiens[4] qui pourrait les empêcher de rire en les réitérant. Le bon M. de B[ray], trop occupé, affairé de ce qui l’intéresse pour s’échauffer beaucoup en faveur des autres, se répandit en complaintes et finit par me lire des catalogues de Buchoz[5]. Flesselles, qui s’en allait à la

  1. Mlle  Desportes.
  2. Ms. 6238, fol. 236.
  3. Dom de la Croix. — On verra par cette lettre et les suivantes que c’était un religieux bénédictin, moine dans ce couvent de Montdidier dont nous avons déjà parlé (lettre du 16 janvier 1782), en lutte avec les chefs de l’ordre. Il semble que les deux frères Roland, le prieur de Crespy et le curé de Longpont, étaient de son parti. — Voir lettres des 27 et 28 janvier 1783, 12 et 22 mai 1784 (sur sa mort subite). — Cf., sur ces profondes divisions intestines de l’ordre des Bénédictins, les Mémoires secrets du 17 juillet 1783 au 11 mars 1785. passim.
  4. Louis-Charles de Machault, fils du ministre de Louis XV, évêque d’Amiens de 1774 à 1790. — Voir sur ce prélat aussi charitable que fanatique la Biogr. Rabbe et les Mém. secrets, 19 et 27 avril, 8 et 9 mai 1781.
  5. Pierre-Joseph Buchoz (1731-1807), naturaliste.