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peut remettre ses espérances au printemps de 83. Je ne sais trop ce que j’ai ouï dire de Murey[1], il me semble qu’il restera sur les crochets du seigneur Price.

M. Flesselles avait vu de très près le sr Dup. [Duperron] aux troisièmes loges, familièrement et moins décemment qu’il ne convient en public, avec certaines femmes, les mêmes du Jardin du Roi. S’étant trouvé avec lui, peu après, dans une maison particulière, il raconta, comme par conversation, que tel jour au spectacle il y avait un jeune homme qui ne se conduisait pas honnêtement, que c’était aux troisièmes, à telle loge, et qu’il avait été remarqué et blâmé de beaucoup de personnes. Le héros de la pièce, se sentant bien, devint rouge et décontenancé au possible ; aussitôt M. Fless[elles] de lui dire ; « Quoi donc, M. Dup. [Duperron], auriez-vous remarqué cela ? — Non, Monsieur, dit l’autre, fort embarrassé. Puis ensuite, prenant notre jeune tête sans témoins, M. Fless[elles] lui fît sa leçon avec le sans-gène que tu lui connais ; il avait outré les choses dans son récit, pour mieux pincer son homme en lui donnant à croire que beaucoup de monde l’avait vu. Je n’ai pas eu de visite de M. Dp. [Duperron] depuis ce temps-là ; j’imagine bien que, sachant que M. Fless[elles] vient à la maison, il a peut-être quelque appréhension que son historiette n’y soit connue. Pauvre espèce ! N’a-t-il pas été, d’un air leste, demander à M. Fless[elles] comment se faisaient ses apprêts, avec un ton de légèreté comme ne sentant point qu’il dût y avoir quelque réserve, ou croyant mériter qu’on n’en eut pas avec lui. L’autre de répondre sec qu’il ne lui dirait pas. C’est bien tailJé pour les gens de là-haut ; ne valant guère mieux les uns que les autres, ils seront plus d’accord. Laisse-moi tout ce

  1. Lire Murry. — Voir Inventaire de la Somme, C. 359, toute une série de pièces de 1781 se rapportant à la demande adressée au Gouvernement par le sieur Thomas Murry, à l’effet d’être autorisé à établir près d’Amiens une manufacture de couperose avec des moyens très économiques, 19 février 1781. — « Rapport de MM. Lamortière et Turmine, teinturiers, de l’épreuve qu’ils ont faite des matières fabriquées par le sieur Murry, 24 juin ; — rapport et examen chimique de la couperose, de l’huile de vitriol et des eaux-fortes de M. Murry, par MM. D’Hervillez, docteur en médecine, et Lapostolle, apothicaire, 9 août, etc. » On voit ici que c’est Price qui avait fait venir Murry.