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Tu recevras ces jours-ci pour Mlle Cannet[1] une petite boîte ; tu es prié de donner au porteur quelque argent qu’il te demandera.

Lundi matin. — J’écris un mot au compagnon, et je te dirai, pour nouvelle, que ma petite se tient fort sagement dans son berceau, soit effet de la correction, soit meilleure disposition. Je ne le déciderai pas. Quant à moi, j’ai du lait tant et si bien, qu’il a coulé tout seul a mon réveil et qu’il me faudra en donner la nuit pour n’en être pas incommodée.

Je me sens bien ; il fait beau, le temps est doux ; j’ai vu par la fenêtre de mon cabinet de toilette que diverses plantes[2] commençaient à pousser ; le règne de la botanique va revenir, je l’entrevois avec plaisir.

Tu ne m’as rien dit de la réception du travail de M. d’E[u]. Je ne sais quel jour je te l’ai envoyé ; j’oublie continuellement le dernier où je t’ai écrit : toujours il me parait loin.

Adieu, cher et bon ami.


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[À ROLAND, À PARIS[3].]
Vendredi, 25 janvier 1782, — [d’Amiens.]

Dans une chambre enfumée comme la tanière d’un renard, l’œil gaillard et les dents aiguisées, je vous salue, mon cher maître ; n’ayez pas de crainte cependant, vous n’êtes rien moins qu’une poule, et je n’en veux pas même à celle-ci. Qu’êtes-vous donc devenu au milieu du fracas de Paris ? J’entends moins parler de vous que du Grand-Turc dont la gazette me dit parfois quelque chose. En vérité, mon bon ami, je m’ennuie fort de ton silence ; si j’étais d’un peu mauvaise humeur,

  1. Sophie. — Voir la réponse maussade de Roland du 26 janvier 1782 (ms. 6240, fol. 136).
  2. Dans le cimetière Saint-Denis. — Voir Appendice E.
  3. Ms. 6238, fol. 205-206.