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qu’il possédait sans le savoir, comme tant d’autres choses dans sa bibliothèque, et je l’ai engagé à les faire lire avant tout, ajoutant que s’ils n’inspiraient pas le goût de la chose, il serait inutile de passer, à d’autres ouvrages. Ce brave homme doit partir incessamment pour Péronne ; je le crois même actuellement parti.

Je puis donc espérer de t’embrasser bientôt ? J’aurais bien plus de plaisir aussi a te voir où tu dis[1], qu’à te savoir où tu es. Ces froids me sont sensibles autant qu’à toi ; ma délicatesse sur cet article est un fruit de mes derniers maux, que j’espère ne devoir pas être permanents.

Il faut bien faire, comme tu l’exprimes, pour nos projets peu secondés ; nous en avons pour tous les cas : ainsi nous ne demeurerons pas au dépourvu, ainsi que tant de gens qui sont tout sots pour une entreprise manquée. Tu as bien du mal à te rencontrer avec ce Longponien ; vous parcourez chacun de si vastes orbites, que les points de contact, d’insertion, se trouvent à des distances prodigieuses.

Que deviennent les cousines d’Épiney[2] ? Dis-leur pour moi mille choses obligeantes. Je ne t’entends plus rien dire de Mlle  de la Blz. [Belouze]. Elle est sans doute ou malade, ou affairée, comme de coutume. Et Notre-Dame du Palais-Royal[3] ? As-tu encore troublé un tête---

  1. Roland disait, dans sa lettre du 15 janvier : « Ces nouveaux froids me pénètrent, et j’aimerais mieux être dans mon cabinet et dans mon lit que dans les rues de Paris et sous mon toit de neige. »
  2. Parentes de province, venues à Paris pour suivre un procès ; elles étaient religieuses, probablement à Chatillon-les-Dombes (Voir Alm. de Lyon, 1784, 42-43). Roland écrivait, le 13 janvier (ms. 6240, fol. 129) : « Les cousines d’Épinay sont ici, pour suivre leur procès ; je ne les ai encore vues qu’une fois. Elles ont beaucoup de lettres de recommandation, mais elles n’en ont encore rendu aucune… » Puis, le 55 janvier : « Visite chez Mme  d’Épinay… » Puis, le 6 février : « J’ai couru toute la matinée pour les petites cousines, qui toujours me demandent beaucoup de test nouvelles, qui s’ennuient et qui s’ennuieront bien davantage… » ‑ Voir plus loin ce qu’écrit à leur sujet Madame Roland, lettre des 20 janvier, 9 février et 23 août 1782.
  3. Il semble que la personne désignée ainsi soit une fille de Mme  Dumangin, mariée à Jean-Charles Mollière de la Bouttaye, vérificateur des aides de Paris (Invent. des Arch. d’Amiens, AA. 32, fol. 231). L’hôtel des Domaines du Roi, où le vérificateur des aides devait avoir son bureau, se trouvait précisément derrière le Palais-Royal, rue Champs