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attendu que mes excuses sont faites il y a longtemps dans une lettre suivante où, sans doute, tu les auras remarquées en réfléchissant à l’impression que m’avait faite la lecture superficielle et rapide des lettres en question.

Je pourrais seulement aujourd’hui te répéter, sur tes observations contre mon lait, tout ce que tu me dis de mes sermons ; je crois cependant n’avoir rien à ajouter à ce que j’ai exposé plus haut.

Laisse dire tous ces gens qui ne comptent pour rien sur la nature qu’ils n’ont jamais eu le courage de suivre avec constance : je serai nourrice en dépit d’eux. N’a-t-on pas vu des exemples surprenants du temps considérable que les femmes, une fois mères, conservent ou recouvrent du lait ?

Je n’ai pas encore lu la lettre de Villefranche ; M. d’E[u] n’envoie pas la sienne, je vais fermer mon paquet. Adieu, mon bon ami, je t’embrasse de tout mon cœur.


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À ROLAND, À PARIS[1].
Samedi, 12 janvier [1782], à 9 heures du soir. — d’Amiens.

Tout le jour s’est passé avec le projet de t’écrire, sans pouvoir l’exécuter ; je m’étais presque engagée avec M. de B[ray] à t’avertir aujourd’hui, par voie directe, que rien n’est encore arrivé de ton paquet

    pas égayée ; je crois qu’il remontera difficilement les dégoûts de cet état… » Celle du 8 janvier est au ms. 9532, fol. 148-149. Roland se raille des exhortations que sa femme lui a faites de pardonner à son frère de Longpont : « Dernièrement Madame grondait, aujourd’hui Madame prêche. Elle fait sont métier, dit M. Lanthenas. Il faut que ce soit chose bien douce de prêcher… » Puis il annonce que la paix est faite, et il fait passer une lettre arrivée de Villefranche.

  1. Ms. 6238, fol. 135-136. Le manuscrit donne 1781, mais c’est sûrement 1782, car : 1o  en janvier 1781, Madame Roland était à Rouen ; 2o  Eudora, dont il est question, n’est née qu’en octobre 1781 ; 3o  c’est en 1782 que le 12 janvier tombe un samedi. M. Faugère, qui a cité deux lignes de cette lettre (Mém., II, 105), l’a mise en 1781. La lettre est timbré d’Amiens.