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velles courantes, de la reprise de St -Eustache, etc. M. d’E[u] m’en avéit envoyé le bulletin ; l’ami de V[in] m’a gratifiée des détails avec l’heureuse facilité que tu lui connais, et tous ses talents enfin, perdus pour moi, indigne, qui pense toujours à autre chose quand on me parle de guerre, et qui ne me trouve là que pour dire oui ou non à tort et à travers.

Tu sais assurément le petit couplet de Monsieur ; Paris est le royaume de l’épigramme. J’ai trouvé à celle-là une tournure bonasse qui la rend plus piquante.

Si ce qu’on dit de Mme  de Chg [Chuignes] est vrai, jamais elle n’a rien fait avec plus d’imprudence que ses tentatives actuelles pour le mariage de sa fille. M. de Rumg. [Rumigny] va souper tous les soirs chez la mère ; la connaissance et l’inclination par conséquent vont leur train. Cependant le terrible article de l’intérêt n’est toujours point terminé. Au reste, c’est peut-être une finesse : peut-être Mme  de Chg. [Chuignes] imagine-t-elle que sa fille inspirera des sentiments assez puissants pour vaincre les obstacles que les prétentions de Mme  de Rumg. [Rumigny], dans le cas supposé, apporteraient à la conclusion. Grand bien fassent à tous ces gens leur richesse et leur sottise ! Je ne voudrais pas plus de l’une que de l’autre, au prix qu’elle leur coûte. Je n’ai point encore vu, cette année, Mme  d’E[u] ; son mari m’en faisait aujourd’hui presque des excuses, j’ignore pourquoi ; car, en vérité, je n’ai pas de prétentions à ses hommages. Journaux, etc., me sont envoyés avec une attention qui se soutient obligeamment dans toutes les occasions où la politesse peut s’exercer. Nous avons aujourd’hui parlé de ton voyage ; M. d’E[u] paraît frappé des incorrections que la négligence des réviseurs, ou leur maladresse à insérer des phrases, ont multipliées ; beaucoup de passages italiens lui semblent amenés à force par des tournures qui te sont étrangères, etc. Enfin le pauvre abbé Richard[1], qu’il trouve un bonhomme, est, je crois, un peu trop maltraité à ses yeux.

  1. Description historique et critique de l’Italie, Dijon, 1766, 6 vol. in-12, par l’abbé Jérôme Richard (Quérard, France littér).