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Je vais te faire à part une note de mes graines à acheter, laissant cette place, pour te dire demain un bonjour ; en attendant, bonsoir au camarade ; adieu, cher ami.

Le deux au matin. Jamais je n’ai fait une meilleure nuit que la précédente : j’ai dormi depuis onze heures jusqu’à six et demie, tout d’un somme ; encore ai-je été réveillée par les cris de ma petite, qui, de dessus le jardin où tu sais, a eu ce pouvoir, tandis que Marie-Jeanne, rentrée dans ma chambre, couchée près de moi, levée, sortie, avait fait tout cela sans m’interrompre.

Je ne suis pas émerveillée de ma cuisinière ; j’avais recommandé de la diligence aujourd’hui, on a tout laissé faire à Marie-Jeanne ; je crois que cette engeance me donnera enfin de l’aigreur.

Adieu, bon ami, sois en paix, sois content, fais tes affaires tranquillement ; tu me retrouveras bien portante, et t’aimant toujours plus que ma vie ; je t’embrasse de tout mon cœur.


34

[À ROLAND, À PARIS[1].]
Jeudi au soir, 3 janvier 1782. — [D’Amiens.]

Enfin, mon bon ami, nous allons bien et tu as causé[2], tout ira par merveilles. J’ai reçu hier ta lettre du 31, encore écrite à heure indue, et qui, par cette raison, me fournit de nouveau l’occasion de te gronder. Pourquoi te coucher si tard, après avoir tant couru le jour ? Ne pourrais-tu m’écrire avant souper et ménager ainsi tes instants pour ta personne, comme celle-ci pour moi ?

M. de Bray était présent à cette réception ; il me pria de ne pas différer ma lecture, que je fis alors très rapidement sans apercevoir ce

  1. Ms. 6238, fol. 174-178.
  2. C’est-à-dire, tu t’es expliqué avec tes parents de Villefranche (probablement au sujet de la cession du Clos. — Voir lettre de Roland à sa femme du 31 décembre 1781, ms. 6240, fol. 119)