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Ces figurations sont donc authentiques. Sont-elles ressemblantes ? On en peut douter, car Madame Roland écrivait, aux premiers jours de septembre 1793 : « Mon portrait a été dessiné plusieurs fois, peint et gravé ; aucune de ces imitations ne donne l’idée de ma personne ». Et elle ajoutait en note : « Le camée de Langlois est la moins mauvaise ». Qu’était donc ce camée de Langlois ?


§ 4. Le Médaillon des Archives.

Nous croyons avoir suffisamment établi, dans notre étude sur « le portrait de Madame Roland aux Archives nationales » (Révolution française du 14 février 1901), que ce camée de Langlois n’est autre que la miniature conservée aux Archives[1]. Nous nous bornerons donc à résumer ici nos conclusions :

Jérôme Langlois, peintre miniaturiste, élève de Vien, s’était fait une spécialité de faire des portraits en « miniatures et en camées », ce terme paraissant désigner alors des médaillons peints par un procédé particulier. Vers la fin de 1792, il avait entrepris une collection de portraits de ce genre. En janvier 1793, il expédiait en quelques séances celui de Dumouriez. C’est en décembre 1792 qu’il dut faire celui de Madame Roland, en plusieurs exemplaires, ce que permettait le procédé dont il faisait usage.

C’est ce portrait que Madame Roland envoyait à Servan, le 25 décembre 1792 (lettre 506), en lui disant : « Je suis bien aise de vous dire qu’après mon mari, ma fille, et une autre personne, vous êtes le seuls à qui je le fasse connaître ».

Cet 'autre personne était certainement Buzot, qui avait, de son côté, donné à Madame Roland son portrait, peint aussi probablement par Langlois[2]. Buzot emporta, dans sa proscription, le médaillon de son amie. M. Vatel a raconté, et nous avons résumé d’après lui, les singulières vicissitudes à la suite desquelles ce médaillon, saisie à Saint-Émilion avec les papiers de Buzot en juin 1794, fut expédié au Comité de salut public et, par suite, se trouve maintenant aux Archives nationales.

L’authenticité de ce portrait nous paraît donc incontestable, et il a pour nous cet intérêt particulier d’être, de l’aveu de Madame Roland, la moins infidèle des images[3].


§ 4. Portraits postérieurs.

Bosc, dans l’Avertissement de la 1er partie de son édition de 1795, annonçait « un portrait de la citoyenne Roland, gravé par l’estimable Pasquier », qui devait paraître avec la 4e partie. Puis, dans l’Avertissement de cette 4e partie, il s’excusait, sur un accident arrivé à la planche, d’être obligé de retarder la livraison de la gravure. Nous ne trouvons pas d’indice que cette livraison ait été faite. En tout cas, la gravure annoncée de Pasquier ne dut être autre que celle dont nous avons parlé plus hauts.

  1. Vitrine 125, Catalogue sommaire du Musée des Arch. nat., par Jules Guiffrey, p. 95.
  2. Les deux portraits sont identiques de forme, de dimension, de facture.
  3. Il est vrai que c’est celle qui, vu les circonstances où elle avait été faite et les souvenirs qu’elle lui rappelait, devait lui plaire davantage.