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Ces deux sortes de choses me reviennent à la fois, elles ont entre elle plus d’un rapport, et notre bibliographe ne ressemble pas mal à un catalogue parlant. À propos d’êtres parlants, M. de Vin est venu me voir hier tout exprès pour m’apprendre nos succès en Amérique et la victoire remportée sur Mylord Cornwallis ; en arrivant, il m’a saluée de cette nouvelle, et j’ai été obligée d’essuyer une longue dissertation politique qui n’a fini qu’avec sa visite. Je ne conçois pas l’intérêt qu’un particulier tel que lui peut mettre à ces affaires des rois qui ne se battent pas pour nous, et son existence m’est toujours aussi étrange qu’ennuyeuse. M. d’Eu est invisible ; je crois qu’il n’ose se montrer sans la Botanique et qu’il ne trouve pas le courage d’en finir. Ce soir M. Flesselles est venu passer quelques instants avec moi ; il doit partir lundi ou mardi pour Ostende ; il ira à Bruges, et reviendra peut-être par Dunkerque, Calais et Boulogne où il verrait MM. Delporte[1]. Il nous rapportera d’Ostende ces grammaires anglaises tant demandées sans doute arrivées et qui définitivement ne valent rien, suivant la décision du maître. En songeant à ce maître, as-tu des nouvelles des amies et par elles de la traduction[2] ? il est bon actuellement que celle-ci aille son train. Je te dirai, à ce sujet, qu’en lisant Winckelman j’ai cru te trouver en contradiction avec lui, et que j’en ai été d’autant plus fâchée qu’il est question d’une chose de tact, et que d’ailleurs,

  1. Voir Inventaire de la Somme, C, 380 : « Mémoire sur le troupeau anglais établi en Boulonnois et sur l’amélioration des laines dans cette contrée et ailleurs », par L. villard [successeur de Roland], 1785 — Lettre de M. Villard à l’intendant, lui envoyant ledit mémoire sur le troupeau anglais des sieurs Delporte, de Boulogne,… » — Ibid, lettre de M. d’Agay, du 29 novembre 1789, à M. Lambert (président du comité d’administration des Finances, Alm. roy. de 1789, p. 236) : « Les sieurs de la Platière et Villard, inspecteurs des manufactures, qui ont visité cet établissement à différentes époques, en ont toujours parlé avec éloges… Loin que la race anglaise eût dégénéré, elle s’était au contraire perfectionnée, du moins quant à la beauté de la laine, etc. » Cf. Dict. des Manufactures, t. I, p. 20, 160, 197, 198, où l’on voit combien Roland s’était intéressé à l’entreprise de MM. Delporte (il avait été chargé officiellement, en juin 1778, de visiter leur troupeau), et quelles relations de confiante estime il avait conservées avec eux, même après avoir quitté Amiens.
  2. Il semble que M. Justamont eût entrepris une traduction en anglais des Lettres d’Italie.