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événements qui s’annonçaient, une Déclaration des droits et se rendit en Auvergne pour la communiquer à ses compatriotes. C’est là qu’il reçut de Bosc une lettre datée du 20 décembre 1788 (ms. 9533, fol. 112-113), contenant les nouvelles politiques du jour et se terminant par une plaisanterie qui atteste la familiarité de leur liaison. Il rentra à Paris en février 1789, fit imprimer sa Déclaration’' et la lut chez Brissot, « dans une assemblée nombreuse », le 20 avril suivant (Voir le Patriote français du 1er septembre.)

Le lendemain, 21 avril, il était nommé électeur de Paris par son district de Saint-Eustache.

Du 26 avril an 22 mai, diverses pièces de la collection Picot[1] nous le montrent travaillant activement à l’élection des députés de Paris ; ce sont, presque tous les jours, des billets échangés entre Brissot, Lanthenas et lui, on tient chez Brissot des assemblées fréquentes, où se rencontrent le baron de Servières, amené par Lanthenas, le député La Métherie, amené par Bosc, Augustin Debourges, ami de Brissot, Garran de Coulon, etc.

L’élection, des députés terminée (22 mai), les électeurs décidèrent de continuer à siéger et chargèrent trois commissaires, dont Bancal, de chercher une salle[2]. Cela prit un mois, car c’est seulement le 26 juin que Flesselles livra la grande salle de l’Hôtel de Ville.

Une lettre de Lanthenas à Bancal, du 4 juillet[3], montre que celui-ci, avec son ami Garran, électeur du district de l’Abbaye Saint-Germain, et le chimiste Darcet, électeur du district des Petits-Augustins, marchaient de concert à l’extrême gauche de l’assemblée des Électeurs. À cette date, Bancal avait déjà quitté, depuis un mois au moins, son district de Saint-Eustache pour aller demeurer au district des Carmes, chez son parent, le notaire Bro[4], rue du Petit-Bourbon (aujourd’hui rue Saint-Sulpice), n° 15.

Le 10 juillet, Bancal avec Carra, Bonneville, etc…, dépose une motion pour demander le rétablissement de la « garde Bourgeoise » (Tuetey, I, 149.)

Surviennent les événements du 11 (renvoi de Necker), du 12 (Camille Desmoulins au Palais-Royal). Le 13, à cinq heures et demie du matin, Lanthenas envoie à Bancal une lettre où il lui décrit le frémissement de son quartier (ms. 9534, fol. 216-217). La lettre est curieuse ; plus curieux encore les commentaires ardents que Bancal y ajoute : « … la rage, l’indignation, le mépris… » contre la « tyrannie intérieure et étrangère… ». Et il agit en conséquence : il se rend à l’Hôtel de Ville, il est un des trois commissaires qui vont chercher Flesselles et l’amènent au milieu des Électeurs. Puis il est élu membre du Comité permanent qui est alors constitué et qui décrète la formation de la « milice parisienne ». Dans la soirée du 14, on le charge d’aller à Versailles avec Ganilh, demander à l’Assemblée nationale d’intervenir auprès du Roi pour éviter la guerre civile. C’est à onze heures du soir qu’il fut entendu par elle (Robiquet, p. 26-27). C’est donc dans la nuit du 14 au 15

  1. Voir, sur cette collection, à laquelle nous nous référons plusieurs fois, une note de la page 168 de ce volume.
  2. Paul Robiquet, Le personnel municipal de Paris pendant la Révolution, 1890. Ce livre utile sera souvent mis à contribution dans cette notice.
  3. Ms. 9534, fol. 214-215. Le manuscrit porte 4 juin, mais c’est un lapsus, ainsi qu’il ressort du texte de la lettre.
  4. Bro était un vieux notaire (depuis 1766, Bancal avait des fonds chez lui, près de 20,000tt, à la date du 7 mai 1789, ainsi qu’il ressort d’une note de sa main (collection Picot).