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Suisse d’origine, né à Nyon le 23 août 1754, il avait étudié à Genève. Dès 1777, il était venu s’établir comme pasteur à Lyon ou plutôt aux Charpennes, dans la banlieue, le culte calviniste n’étant pas autorise intra-muros. Il résidait d’ailleurs à Lyon même, au quai Saint-Clair, et était déjà lié avec Blot, qui lui amena Brissot en 1782 (Mém. de Brissot, II, 114).

En 1784, il se rendit en Angleterre, et se mit en relation avec les Amis des noirs, qui commençaient leur admirable campagne pour l’abolition de la traite.

Au retour, il épousa, à Paris, à l’ambassade de Hollande, le 11 juin 1785, Mlle  Marie-Anne-Amélie (ou Émmelie) Drouin, de Sedan.

Ses connaissances, l’ouverture de son esprit, ses relations avec l’étranger le firent nommer, bien que protestant, secrétaire de la Société d agriculture de Lyon pour la correspondance étrangère. À la fin d’août 1785 (Voir lettre 203), nous le voyons déjà lié avec les Roland, et venant assister à la grande séance annuelle de l’Académie de Villefranche.

Il traduisit alors (Voir lettre 262) les Sermons de Hugh Blair, Lyon, 2 vol. in-8o, 1784 et 1786[1].

Il y eut, l’année suivante, entre Roland et lui, divers froissements (lettres 277 et 286). Mais cela ne dura pas, car, en 1789, les Roland avaient mis leur fille en pension chez lui (lettre 330). Lorsque Arthur Young, dans ses voyages à travers la France, passa à Lyon en décembre 1789, il alla naturellement chez Frossard, qui, docteur honoraire de la Faculté d’Oxford, membre des Sociétés d’agriculture de Bath et de Manchester[2], était presque un compatriote pour lui, et Frossard le mena chez Roland, puis les fit dîner ensemble (Voir une note de la lettre 400).

Il y avait entre Roland et Frossard bien des points de contact : tout d’abord, cette pointe de pédantisme que Madame Roland relevait chez le pasteur, (et dont son mari n’était certes pas exempt) : mais il y avait surtout la passion des causes généreuses : Frossard venait de publier La cause des esclaves nègres et des habitants de la Guinée portée au tribunal de la justice, de la religion et de la politique (Paris, 1788, 2 vol. in-8o’)[3]. Aussi entra-t-il avec Roland dans le conseil général de la commune de Lyon dès sa formation, au début de 1790. Quelques mois après, en juin, il était nommé, avec son ami Blot, membre de l’administration du district. Il fut un des membres du comité permanent institué à Lyon après la fuite de Varennes. En septembre 1791, il entrait au conseil général du département. Lorsque Roland, ministre de l’intérieur, eût dissous en août 1792 le directoire de département et qu’il fallut le reconstituer. Frossard accepta d’y remplir provisoirement les fonctions de procureur-général-syndic. Le livre de M. Wahl nous montre quelle activité habile et incessante il mit au service du département et de la commune dans ces différentes fonctions.

Son zèle ne s’exerçait pas seulement à Lyon. Mis en rapport (sans doute par les Roland) avec Bancal des Issarts, il se rendait à Clermont-Ferrand, le 15 avril 1792, pour y inau-

  1. Traduction reprise et augmentée plus tard, 5 vol. in-8o, 1807-1825.
  2. Il était en outre membre de l’Académie des Sciences de Montpellier, de l’Académie de Villefranche, de la Société d’émulation de Bourg-en-Bresse. En Angleterre et en France, on le voit, Roland et lui s’étaient réciproquement servi de parrains.
  3. C’était le moment où Brissot fondait à Paris la Société des Amis des noirs.