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elle le Docteur[1], Mme  Dmgin[2] et les mères, de Bray. M. de Vin remplit toujours la cicisbeatura per maraviglia. Il m’a demandé où tu logeais, sous quel couvert on pouvait t’écrire, se montrant fort empressé de le faire, et, selon moi, faisant en cela comme lorsqu’il débite des nouvelles ; je lui ai répondu très fidèlement et j’ai ajouté l’offre de lui épargner la peine d’une seconde enveloppe, s’il voulait me faire passer ses missives. Comme je ne l’ai vu que chez la dame, et une seule fois, je n’ai pu lui demander i suoi fiachi[3] ; mais je lui ai renvoyé le coussin et j’ai fait l’emplette d’un semblable.

Mme  de Chuignes[4] est de retour ; elle nous l’a fait dire hier par le clerc, avec des compliments, etc. Je n’ai pu ravoir encore le rabat, ni des instructions des demoiselles Cannet[5], dont la mère est incommodée : le temps amènera tout. Je ne sais si je t’ai dit que j’avais écrit à Crespy[6], le soir même de ton départ ; j’étais triste ; j’ai trouvé de la douceur à m’entretenir avec ce bon frère qui t’aime et m’est cher

  1. probablement le docteur d’Hervillez, dont il sera souvent parlé dans la suite. M. d’Hervillez, docteur en médecine à Amiens, médecin de l’hôpital militaire, professait depuis 1778, au laboratoire du Jardin du Roi, sous le patronage de l’Académie d’Amiens, dont il était membre, un cours de chimie expérimentale de concert avec Lapostole (voir Almanach de Picardie, Inventaire des Archives d’Amiens, Inventaire des Archives de la Somme, passim). Nous avons déjà dit qu’il était, avec Lapostole et l’abbé Reynard, un des chefs du mouvement scientifique à Amiens. — Nous le verrons plus loin, en 1784, organiser chez lui des séances de magnétisme.
  2. Madame Dumaugin. — On trouve, à l’Inventaire des Archives de la Somme, C, 657, de longs détails sur une contestation, en 1767, entre les officiers municipaux d’Amiens et M. Dumaugin, « fermier du gros octroi sur les vins, eaux-de-vie et tabacs ». Cf. Inventaire des Archives d’Amiens, AA, 32 : « Ordonnance de l’Intendant, qui autorise Jeanne-Eugénie Delahaye, veuve de Jean Dumaugin, vivant Directeur des aides d’Amiens, à remettre, etc., 24 mars 1769? »
  3. « Ses bouteilles. » — Voir plus loin, lettre du 23 novembre 1781.
  4. Voir sur Madame de Chuignes, sœur de M. de Bray et parente de Roland, l’Appendice E.
  5. Sans doute afin d’avoir, pour le Dictionnaire des Manufactures, des renseignements sur les procédés de blanchissage des rabats de dentelle. (Voir Dictionnaire des Manufactures, t. I, p. 81.) Cf. lettre du 23 novembre 1781.
  6. C’est-à-dire à son beau-frère, le bénédictin Jacques-Marie Roland, prieur de Crespy-en-Valois, souvent appelé familièrement, dans la Correspondance, « le Crespysois », de même que le prieur de Longpont, dont nous allons parler, y est appelé « le longponien ».