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confiance. Il nous en reste un très grand nombre : d’abord celles de Madame Roland que nous publions ici, puis celles de Roland et les réponses de Bosc, dispersées tant dans les deux grands recueils des Papiers Roland que possède la Bibliothèque nationale (N. A. fr., ms. 6238-6243 et 9532-9534) que dans la collection Morrison, où nous avons pu les consulter, sans parler de celles qui figurent aux catalogues de ventes d’autographes. Mais ce ne sont évidemment que les débris d’une correspondance ininterrompue de treize années.

La première lettre que nous ayons est de Roland à Bosc, du 20 mai 1782 (ms. 6240, fol. 97), mais elle fait allusion à des lettres antérieures et c’est déjà une lettre d’ami. Vient ensuite une lettre de Madame Roland du 23 août, qui dénote une entière communauté d’idées et une confiance absolue (lettre 58). Mais la preuve que l’intimité date de la première heure, c’est que, dès 1781, presque toutes les lettres échangées entre la femme et le mari sont envoyées sous le couvert de Bosc (nous avons dit pourquoi), non pas sous double enveloppe close, mais tout ouvertes, même quand elles sont singulièrement confidentielles. On prend seulement la précaution d’indiquer au haut de la lettre, dans un coin, le véritable destinataire (« Mme de Lap. [Laplatière] », 1er avril 1784, ms.6240, fol. 170 ; « Mme de Laplatière », 20 mai 1783, ms. 6238, fol. 245). Puis, à chaque instant, ce sont des post-scriptum, tantôt de Roland pour Bosc (21 mai 1784, ms. 6240, fol. 152), tantôt de Bosc pour Roland (31 janvier 1783, ms. 6238, fol. 139). D’autre fois, Bosc joint aux lettres qu’il transmet des billets distincts. Les manuscrits en referment un assez grand nombre, que nous avons donnés en note lorsqu’ils avaient quelque intérêt.


§ 5. Naissance de son fils et mort de son père.

Nous avons dit que l’histoire naturelle et l’amitié ne remplissaient pas seules l’âme du jeune homme. Lorsque plus tard, en 1796, il partit pour les États-Unis, son passeport (ms. 6241, fol. 311) dit « avec son fils, âgé de quatorze ans ». Ce fils naturel était donc né vers 1782. Nous nous sommes demandé si la mère ne serait pas Mlle Beson, sœur de cet abbé, « petit bossu plein d’esprit », auteur d’une Histoire de Lorraine et un des collaborateurs anonymes de Buffon, chanoine et chantre de la Sainte-Chapelle ; que Madame Roland avait connu en 1778 chez sa cousine Trude, où il logeait, et chez qui Bosc fréquentait assidûment. Un passage des Mémoires (II, 210-211), rapproché des lettres où Madame Roland taquine Bosc au sujet de Mlle Bexon (3 février, 23 avril, 1er mai, 5 mai 1783), pourrait prêter à cette conjecture. Le pauvre abbé Bexon mourut le 13 février 1784, et nous ne savons ce que devint sa « grande sœur aux yeux noirs et aux belles épaules ».

Le roman (si roman il y eut) se dénoua sans doute comme tant d’autres. Peut-être, cependant, durait-il encore en 1786 (voir lettre 243). Sans l’approfondir davantage, disons que Bosc éleva de son mieux ce fils, appelé Louis comme lui, dont nous avons pu suivre la carrière, et qui mourut inspecteur de la marine à Cherbourg, à un âge assez avancé.

Cette jeunesse insouciante de Bosc eut bientôt à compter avec de cruels soucis. La mort de son père (4 avril 1784) laissait sa jeune sœur, Sophie, la seule dont il eut à s’occuper, sans autres ressources que le produit de la vente de la charge paternelle. « Bientôt la demoiselle, écrivait Madame Roland le 27 mars, a quelques différences près, sera comme Mlle Bexon