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8,000 livres d’appointements et résidence à Rouen[1]. Son rôle officiel était le contrôle des marchandises arrivant du dehors ; mais il semble bien que sa mission principale ait été de tirer de l’étranger des secrets de fabrication. C’est ainsi du moins qu’il nous apparaît. Nous avons la preuve, cependant, qu’il exerça sa fonction ailleurs qu’à Rouen. Outre ses tournées en Picardie, dont nous allons dire un mot, il visita le Languedoc en 1764 et rédigea un long mémoire sur la fabrication des étoffes de laine en Gévaudan et dans plusieurs autres diocèses de la province (Inv. des Arch. de la Haute-Garonne, C. 32)[2].

Le 17 juillet 1768, il écrivait à Trudaine pour lui demander, en même temps qu’une augmentation d’appointements, l’adjonction de son fils Jean, avec survivance, dans sa commission d’inspecteur général ; son fils lui fut en effet adjoint, par commission du 27 novembre suivant, avec 2,400 livres d’appointements.

Aucune faveur administrative ne lui fut ménagée ; un arrêt du Conseil du 12 mars 1761 accordait à sa femme, en cas de survie, une pension de 2,000 livres, dont le bénéfice fut transporté à sa seconde femme par un autre arrêt du 14 décembre 1776. On ne se contenta pas de le naturaliser lui et les siens[3], on lui octroya, en novembre 1774 (c’est la brochure Holkériste déjà citée qui nous donne la date), « des lettres de reconnaissance de noblesse et, en tant que de besoin, d’anoblissement »[4].

Un autre arrêt du Conseil, du 22 janvier 1777, donna à Holker fils une nomination définitive d’inspecteur des manufactures étrangères, avec 8,000 livres d’appointements. En même temps, on lui confiait une mission importante en Amérique. Il s’agissait de diriger sur la France le commerce des colonies anglaises insurgées contre leur métropole. Holker fils, en conséquence, « remplit pendant quelque temps, à Philadelphie, les fonctions de consul et d’agent de la maison du Roi » (Eugène Lelong, loc. cit.). Il revint en 1783[5].

Nous n’avons pas à suivre Holker père dans toutes les circonstances de son rôle d’inspec-

  1. Cf. Alm. royaux, où il est simplement qualifié de « Inspecteur pour les manufactures étrangères ». — Voir surtout l’Introduction de M. Eugène Lelon, p. 41.

    C’est Fagon, directeur du commerce, qui avait fait créer, par arrêt du 19 septembre 1730, les inspecteurs généraux des manufactures. Il y en eut d’abord deux, l’un à Bordeaux, l’autre à Rouen. Mais on voit les sièges de ces emplois varier d’année en année, avec les titulaires. Ainsi, en 1750, il n’y en a plus ni à Bordeaux ni à Rouen, mais il y en a un à Marseille et deux à Paris. C’est pour Holker que fut rétabli le siège de Rouen en 1755. Il se fit alors retraiter comme capitaine, avec 600 livres de pension (Eug. Lelong, loc. cit.).

  2. Voir, dans l’Introduction de M. Lelong (Loc. cit.), d’autres détails sur ses tournées. — Cf. l’ouvrage de M. Germain Martin, La grande industrie en France sous le règne de Louis XV., 1900, in-8o, passim et spécialement p. 185 et suiv., sur les services rendus par Holker.
  3. « Lettres de naturalité à Jean Holker père, à la dame Élisabeth Hilton, sa femme, et à Jean Holker, son fils. » (Inv. des Arch. de la Seine-Inférieure, C. 1204.)
  4. « Vérification des lettres-patentes par lesquelles Sa Majesté, de grâce spéciale, déclare noble d’extraction Jean Holker, chevalier de l’ordre royal de Saint-Louis, ancien capitaine au régiment d’Ogilvy et inspecteur général des manufactures de France. » (Ibid, 1205.)
  5. Voir au ms. 6240, fol. 138, une lettre de Roland à sa femme, du 10 février 1782. — Cf. Lettre de Madame Roland à son mari du 20 mars 1784 : « L’administration du commerce lui a écrit d’opter entre sa place de consul et celle d’inspecteur. »