Une note (p. 8) nous apprend que Roland avait écrit son travail également en 1776, l’avait remis alors à Trudaine (qui l’avait donné à lire à Montigny), et, après l’avoir remanié à son retour d’Italie, l’avait soumis au jugement de l’Académie des Sciences. Le rapport des commissaires Fougeroux de Bondaroy et Mignot de Montigny, ainsi que l’approbation de l’Académie, certifiée par le secrétaire perpétuel Condorcet, sont du 31 juillet 1779. L’ouvrage est donc postérieur au précédent et parut en effet quelque temps après, en décembre 1780.
C’est pourtant cet ouvrage, en apparence bien inoffensif, et en tout cas dûment estampillé, qui déchaîna sur Roland le vif mécontentement du monde officiel, comme nous l’allons voir plus loin.
En 1781, Roland use son temps à obtenir la permission de mettre en vente les Lettres d’Italie, et ne publie rien.
Son troisième traité, l’Art du tourbier (il avait pu, en Pirardie, bien étudier le sujet), avait cependant été remis à l’Académie des Sciences dès 1780 (Dict. des manuf., III, 418), disons plus exactement en 1781, car nous trouvons au ms. 6243, fol. 122-134, quatre lettres de Roland, des 5 août 1781, 29 juin et 10 juillet 1782, 25 janvier 1783, qui donnent toutes les précisions nécessaires. Dans la première, Roland envoie son manuscrit à M. Tillet, membre et trésorier adjoint de l’Académie des Sciences, pour demander des commissaires ; il n’y met qu’une condition, c’est que l’académicien Desmarets, inspecteur des manufactures de la Champagne, ne soit pas du nombre (toute la correspondance de Roland révèle une antipathie tenace contre son collègue Desmarets). Dans la seconde et la troisième lettre, il déclare mieux aimer retirer son ouvrage que de le voir juger par cet homme. Il finit par avoir gain de cause. Tillet, Fougeroux et Morand furent ses commissaires, et l’ouvrage, imprimé en 1782, parut enfin, dans les mêmes conditions que les deux précédents, le 1er avril 1783.
Roland se proposait aussi de publier un Art du Toilier (voir l’Introduction à l’Art du velours de coton, p. 7). Il préparait également, avec M. Deu, « une petite Botanique aquatique amiénoise » (lettre de lui à sa femme, du 13 janvier 1782, ms. 6240, fol. 129). Mais nous ne voyons pas que ces ouvrages aient jamais paru.
Dans le courant de l’année 1783, les trois traités que Roland avait publiés in-folio chez Moutard furent réimprimés in-quarto au tome XIX de la collection des Arts que le banneret Osterwald publiait à Neufchâtel. Les Mémoires de Brissot (t. II, p. 139) donnent de bien curieux renseignement sur cette imprimerie d’Osterwald, installée dans une principauté prussienne au cœur de la Suisse, et qui, par une contrebande tolérée, inondait la France de ses produits, dont bon nombre étaient de véritables contrefaçons.
Entre la publication des trois Arts de Roland et celle de son Dictionnaire des manufactures, le moment est venu de raconter sa querelle avec Holker.
Condorcet, prononçant l’éloge de Mignot de Montigny, membre de l’Académie des Sciences[1], mort en 1782, s’exprime ainsi :
« …Un jeune anglais (M. Holker), qui avait des connaissances très étendues sur la
- ↑ Œuvres de Condorcet, éd. O’Connor, t. II, p. 580.