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mort en août 1777, pour l’inspection générale qu’on lui avait promise et qu’il croyait mériter, il se mit à écrire et à publier ; jusque-là, il avait, après chaque voyage, chaque étude d’une question remis des mémoires à l’Administration ; à partir de 1779, c’est au public qu’il va s’adresser, en publiant dans la Collection des arts et métiers, qui paraissait alors sous le patronage de l’Académie des Sciences, des traités, — nous dirions aujourd’hui des monographies, — sur les arts qu’il connaissait le mieux.

Sans préjudice, d’ailleurs, des missions diverses qui lui furent confiées :

D’abord, une mission en Boulonnais : « Je n’étais point encore arrivé à ma résidence que je fus envoyé par l’Administration, en juin 1778, en Boulonnais, pour y voir une éducation naissante [l’acclimatation des moutons anglais], ou plutôt l’esquisse en petit du grand projet de la réforme des laines en France par la méthode anglaise. J’avais écrit en Languedoc et en Picardie sur cette matière intéressante, partout observée comme le premier moyen de perfectionner les objets dont elle est la base… ». — Cf. Dict des manuf., t. I, 197*.

Puis une mission, autrement périlleuse, en Angleterre :

« Je passai en Angleterre dans un temps où les hostilités commencées en rendaient le projet aussi difficile que l’objet de ma mission y rendait le séjour dangereux ; je frétai un bâtiment français pour aller, j’en frétai un anglais pour revenir ; je parcourus le pays, je fis les recherches [toujours pour les laines et les moutons], les essais, les comparaisons, et tirai les résultats qu’on a lus dans un mémoire imprimé, extrait du Journal de physique, juillet 1779… »

La date approximative de ce voyage est facile à déterminer : remarquons d’abord qu’il fut la suite de la mission en Boulonnais, qui est de juin 1778 ; notons ensuite que Roland parle des « hostilités commencées » entre la France et l’Angleterre. Or, les premières hostilités de la guerre de 1778-1783 sont du 17 juin 1778 ; la bataille navale d’Ouessant est du 27 juillet. Il faut donc croire que ce voyage, nécessairement rapide en de telles circonstances, eut lieu en juillet 1778.

Nous trouvons, en divers endroits de ses ouvrages, quelques détails sur ce voyage :

Dict. des manuf., t. I, 156* : « Lorsque j’arrivai en Angleterre, je fus jeté sur la plage à 3 heures du matin, à quatre ou cinq milles de toute habitation, et j’errai dans les prairies pendant plus de deux heures sans rencontrer une figure humaine ; mais elles étaient couvertes de troupeaux, etc… ».

Ibid, p. 198* : « Bien adressé, bien dirigé ; arrivé en Angleterre, je parcourus les prairies, les coteaux et la montagne ; partout j’examinai les troupeaux ; je vis faire la tonte de plusieurs ; je fus dans les magasins de laines ; je pris des échantillons des divers cantons, espèces et qualités de celles-ci ; partout je causai avec les fermiers sur leurs principes, leurs méthodes, sur les résultats qui, en tout, font la raison des principes et des méthodes… ».

Et dans sa Réponse de 1781 au pamphlet de Holker :

« M. D. L. P. [de La Platière] ne se serait pas douté que M. H. [Holker] eût rien fait en Angleterre au péril de sa vie, d’après ce qu’il a connu des Anglais dans le voyage qu’il fit en 1771… bien moins encore depuis un autre voyage fait en 1778, en temps de guerre, pour des découvertes autrement importantes, et qui exigeaient d’autres vues, d’autres recherches, d’autres démarches enfin que pour une mécanique. Cependant M. D. L. P.,