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Trudaine disparaît en 1777, et le procès durait encore en 1789 (voir Rec. des monuments inédits de l’Hist. du Tiers-État, t. III, p. 331-334).

Le voyage de 1769 se fit en Suisse et en France :

En 1769, je fus en Suisse par Reims, où la filature, les étoffes rases et drapées et leurs divers apprêts fixèrent mon attention ; par la Lorraine où je vis, en entrepôt, celle des marchandises que les Anglais y amènent par Ostende pour les introduire en France, lorsqu’ils trouvent des obstacles à des voies plus directes ; par les Vosges, dont je visitai les mines de fer, et l’Alsace, province si propre à former des établissements, malgré le voisinage de la Suisse. Je m’arrêtai à Bâle, dans le canton et l’évêché de ce nom, où sont répandues beaucoup de fabriques et particulièrement celles de rubans de toutes sortes ; partout, au milieu d’une nature cahotante (sic), la culture la mieux entendue et des objets de main-d’œuvre où le principe de la quantité sur la qualité est aussi remarquable qu’il y est avantageux. Genève enfin… Je revins par Lyon… et par le Bourbonnais, le Berry, le Nivernais où je suivis dans les plus grands détails tous les procédés sur le fer, depuis son extraction de la mine, sa fonte, ses forges, jusqu’à celle des ancres d’une part et jusqu’à sa conversion en acier et coutellerie de l’autre. Je n’omis point d’observer ensuite et de comparer les dispositions et les travaux de la papeterie de Montargis.

Roland a inséré, dans ses Lettres d’Italie (t. I, p. 73-150), la relation de ce voyage. Nous y voyons qu’il eut lieu dans les mois d’Août, septembre et octobre 1769. En passant à Ferney, le 30 semptembre, il y rendit visite à Voltaire, « muni d’une recommandation de son ami de collège, M. de Cideville ». (On sait que Cideville était conseiller au Parlement de Rouen, et on s’explique par là la lettre donnée à Roland.) Voltaire retint à dîner le voyageur, dont le récit est assez curieux.

En 1771, c’est en Angleterre que Roland se rendit. Il est très bref là-dessus dans son Mémoire des services :

« Il serait trop long de rapporter ici les choses que j’y observai ; il suffit de dire que c’est le pays de l’observation, et qu’en cette circonstance, comme en toute autre, j’ai donné mes mémoires au Conseil ; les bureaux en sont pleins. »

Holker fils[1] était allé en Angleterre l’année précédente, et en avait rapporté une mécanique à filer. Roland se proposait sans doute le même but, et nous voyons (Réponse à la lettre d’un soi-disant citoyen de Villefranche) qu’en 1773 il communiqua à Holker père, en inspection à Amiens, la relation qu’il avait faite de son voyage. C’est cette relation que sa femme envoya plus tard à Bosc (lettre du 13 août 1784). C’est évidemment pour cela qu’elle ne se trouve pas aux Papiers Roland. Mais, du moins, ces Papiers fournissent la date précise du voyage, puisque le copie-lettre de l’inspecteur (ms. 6242) s’interrompt du 30 juin au 24 octobre suivant.

Ces absences, ainsi que les séjours prolongés à Paris, n’allaient pas sans provoquer des plaintes des Amiénois contre l’inspecteur (Inv. Arch. de la Somme, C. 292, mars 1771). Il ne semble pas qu’il s’en soit ému.

En 1772, nous ne relevons à l’Inventaire des Archives de la Somme (C. 305, mai-juin 1772)

  1. Sur Holker, père et fils, voir l’Appendice G, ci-après.