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fut placé quelque temps auprès de Roland, à Villefranche en 1787, pour y faire son apprentissage en vue de l’inspection des manufactures (voir la Correspondance, année 1787), mais donna alors peu de satisfaction.

Cousin-Despréaux était dévot (voir lettre de Roland du 8 novembre 1779. ms. 6240, fol. 68-69 ; Join-lambert, XCVII) ; il était lié avec des prêtres, l’abbé Gloutier, l’abbé Burgot, et c’est par eux qu’il procura aux Roland la protection de la marquise d’Arbouville (voir Correspondance, 3 janvier 1782, et mars-mai 1784).

Devenu échevin de Dieppe, il s’occupa, mais sans succès, d’un projet de canal de Dieppe à l’Oise. À la veille de la Révolution, il fut élu membre de l’Assemblée provinciale de Normandie.

Emprisonné pendant la Terreur, il employa sa captivité à écrire ses Leçons de la nature sur l’histoire naturelle, la physique et la chimie présentées à l’esprit et au cœur, qui parurent à Paris en 182, 4 vol. in-12, et qui eurent plus de succès que l’Histoire de la Grèce.

Sous l’Empire, il fut, d’après son biographe, ardent royaliste. Il écrivit alors la Morale des États, qui resta en manuscrit (8 vol.). Au début de la Restauration, trouvant que le gouvernement de Louis XVIII faisait trop de concessions aux idées révolutionnaires (!), il publia, pour le retenir sur cette pente, une Adresse au Roi, par un vieillard de Normandie.

Il avait perdu sa femme le 13 juin 1814, et mourut le 2 novembre 1818.

Pour suivre l’histoire des relations de Roland et des frères Cousin, il faudrait faire, dans tout le cours de la Correspondance, une moisson tellement ample, qu’elle dépasserait le cadre de ce travail et en altérerait d’ailleurs le caractère. Contentons-nous donc de noter :

1° La collaboration de Roland à l’Histoire de la Grèce. Aux preuves déjà données, ajoutons les suivantes : lettre de Marie Phlipon à Roland, mars 1779, Join-Lambert, X ; lettre de Roland à Marie phlipon, 8 juin 1779, Join-Lambert, XLI ; idem, 11 février 1781 ; idem, 27 octobre 1782.

2° Le rôle que joua Cousin-Despréaux en 1779, entre Roland et Marie Phlipon ; c’est chez lui, « en Grèce » (c’est ainsi que l’inspecteur d’Amiens appelait la Normandie, réservant pour Amiens les qualificatifs moins flatteurs de « Béotie », « lac Copaïs », « Palus-Méotides), que Roland va en janvier 1779 ; en juillet-août, il le reçoit à Amiens, et le prend pour confident de ses sentiments pour la fille du graveur parisien ; en septembre, il retourne à Dieppe, et il semble bien, si l’on rapproche ces entrevues de ses hésitations, qu’il n’ait point été poussé par Despréaux à tenir ses engagements. Marie Phlipon est trop fine pour ne pas s’en apercevoir, mais elle se garde bien, en faisant paraître, d’aggraver les choses ; au contraire, elle travaille à réconcilier les deux amis un instant mécontents l’un de l’autre (lettre du 21 décembre 1779, Join-Lambert, CVII) et garde ainsi l’avantage.


§ 7. Les lettres d’Italie.

C’est à l’article des frères Cousin qu’il faut rattacher celui des Lettres d’Italie, puisqu’ils en dirigèrent l’impression. Nous allons parler de cette affaire un peu longuement, d’abord parce qu’il est souvent indispensable de la bien connaître pour comprendre les premières