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LETTRES DE MADAME ROLAND.

que trop exact (cf. Mémoires, II, 122) n’empêcha pas Madame Roland, quand Guérard imagina ce mariage, de n’en point détourner son amie (voir lettre précitée du 31 août).

Henriette Cannet, devenue Mme de Vouglans en 1784, alla habiter Paris, rue de Vaugirard, près le Petit-Calvaire (Almanachs royaux). Le tableau des biens nationaux à vendre, publié par les Révolutions de Paris, no 60 (28 août-4 septembre 1790), porte une maison, rue de Vaugirard, no 142, provenant des religieuses du Petit-Calvaire, ayant pour locataire M. de Vouglans ; location, 1,000 livres ; prix d’estimation, 14,675 livres. — Son vieil époux, qui n’avait pas tardé à la brouiller avec sa sœur Sophie (voir lettre du 21 mai 1786), mourut au commencement de 1791. « J’ai été fort occupée ces jours-ci — écrivait Madame Roland à Bancal des Issarts, de Paris, le 22 mars 1791, — d’une amie de ma jeunesse qui réside ici et qui vient de devenir veuve… ». Elle revint alors à Amiens.

En 1793, lorsque Madame Roland fut prisonnière, Mme de Vouglans essaya de la sauver : « Henriette, libre, toujours vive et affectueuse, est venue me voir dans ma captivité, où elle aurait voulu prendre ma place pour assurer mon salut… (Mémoires, II, 148.)

Henriette Cannet a raconté elle-même à M. Breuil, bien longtemps après, cette dramatique entrevue. On en trouvera le récit dans l’Introduction de M. Breuil, d’après lequel M. Dauban l’a reproduite.

Deux passages des lettres de Madame Roland à Buzot semblent se rapporter à cet épisode : « Le pauvre X… [Roland]… m’a envoyé de trente lieues [c’est exactement la distance d’Amiens à Paris] une personne qu’il a chargée de tout tenter… »(lettre du 3 juillet). — « J’ai repoussé les projets qu’il avait formés à mon sujet et pour lesquels est encore à Paris une personne qu’il a envoyée… » (lettre du 6 juillet).

Si ce rapprochement paraît plausible, c’est dans les premiers jours de la captivité de Madame Roland à Sainte-Pélagie qu’Henriette serait venue la trouver, — et à la demande de l’homme qu’elle avait aimé vingt ans auparavant.

Mme de Vouglans avait peut-être elle-même déjà souffert de la Révolution. Nous lisons dans la Liste générale des émigrés, imprimée par ordre de la Convention : « Héritiers Vauglans [sic] ; – domicile, Amiens – Biens au district de Corbeil, à Soisy-sous-Étiolles, 24 septembre 1792 ; — la veuve Vauglans est en réclamation » Mais, en 1794, elle fut plus directement atteinte ; la Liste nominative des personnes emprisonnées à Amiens pendant la Terreur, publiée par M. Darsy, porte : « Cannet (Marie-Henriette), veuve Mayart [sic, pour Muyart] ; entrée à la Providence [prison] le 16 février 1794 ; à l’hospice national le 26 mars ; elle a dû être libérée presque aussitôt ».

L’orage passé, elle épousa en 1795 (à 47 ans), M. Bélot, juge et depuis président au tribunal de la Seine, devint veuve en 1803, et se remaria en 1814 (à 66 ans) avec M. Berville, secrétaire général de la préfecture de la Somme, veuf lui-même, et mourut à Amiens le 27 janvier 1838. Son troisième mari était père de Saint-Albin Berville, qui devait, en 1820, éditer avec Barrière, dans la Collection des Mémoires relatifs à la Révolution française, les Mémoires de Madame Roland.

X. ed. Marie-Sophie-Caroline Cannet, née en 1751 (A. Breuil, Introd. ; – Mémoires, II, 48). C’était l’amie préférée de Marie Phlipon.

Elle épousa à l’automne de 1789, à Amiens, Pierre Dragon de Gomiecourt, chevalier,