Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce pauvre Boulay[1], fabricant de bas à Caen, t’a adressé deux lettres pressantes sur les difficultés qu’on lui fait ; je ne sais pas si tu peux te mêler de ses affaires, mais, comme il me paraissait fort en peine, je lui ai écrit que tu étais absent, que mon premier soin serait de te remettre ses lettres à ton retour et que tu le servirais si le bien public et les devoirs de ta place te le permettaient.

J’ai aussi fait un petit billet d’honnêteté, comme de ta part, à M. L’Apostole[2], en lui disant que tu m’en avais chargée, étant, par ton voyage, empêché d’aller le voir. Je viens d’écrire longuement à Mlle  de la Belouze[3] ; j’ai été interrompue par M. Duperron[4], qui m’a fort ennuyée ; il était venu me prier de remettre tels et tels volumes de l’Encyclopédie et du Dictionnaire à l’homme qu’il enverrait ; je lui ai dit que je me réglerais sur ce qu’il me ferait remettre, pour lui rendre autre chose ; il n’a pas paru trop flatté, et m’a prié d’observer qu’une partie du C étant dans le deuxième volume du Dictionnaire qu’il gardait, et devant faire marcher en même temps ce qui concernait cette lettre, il avait besoin des volumes C correspondants de l’Encyclopédie, et qu’il les désirait pour continuer son travail ; comme cette raison a l’air plausible et que je n’aurais pu la réfuter que par la recommandation que tu m’avais faite et que j’ai pensé ne pas devoir dire, j’ai donné les volumes.

Ledit sieur m’a dit encore que les gardes-marchands ne venaient toujours point au bureau, qu’ils disaient n’y avoir que faire quand

  1. Cf. la lettre suivante
  2. Lapostole, « apothicaire du Roi pour les maladies épidémiques, démonstrateur de chimie et membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts d’Amiens, Basse-Rue-St -Martin » (Alm. de Picardie, 1781, p. 50). — Lapostole fut, avec le médecin d’Hervilles et l’abbé Reynard, professeur de physique au collège, un des plus actifs promoteurs du mouvement scientifique à Amiens dans les années qui précédèrent la Révolution. — Voir Inventaire des Archives d’Amiens et Inventaire des Archives de la Somme, passim ; — cf. Biographie des hommes célèbres de la Somme, Amiens, 1835-1837, 2 vol., article Reynard.
  3. Voir, sur cette parente dévouée des Roland, l’Appendice C.
  4. Couard du Perron, élève inspecteur des manufactures à Amiens (Almanach royal de 1783, p. 271.) ; il faut ensuite sous-inspecteur à Moulins (ibid, 1784, p.274), puis inspecteur à Soissons (Ibid, 1786, p. 279).