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cœur d’une mère est difficile à calmer sur le sort d’un enfant auquel elle se sent arracher.

Si l’infortune imprime un caractère sacré, qu’il préserve ma chère Eudora, je ne dirai pas des peines semblables à celles que j’éprouve, mais de dangers infiniment plus redoutables a mes yeux ! Qu’elle conserve son innocence, et qu’elle parvienne à remplir un jour, dans la paix et l’obscurité, le devoir touchant d’épouse et de mère. Elle a besoin de s’y préparer par une vie active et réglée, et de joindre au goût des devoirs de son sexe quelques talents dont l’exercice lui sera peut-être nécessaire. Je sais qu’elle a chez vous des moyens pour cela. Vous avez un fils, et je n’ose pas vous dire que cette idée m’a troublée ; mais vous avez aussi une fille et je me suis sentie rassurée. C’est assez dire à une âme sensible, à une mère et à une personne telle que je vous suppose. Mon état produit de fortes affections, il ne comporte pas de longues expressions.

Recevez mes vœux et ma reconnaissance.


La mère d’Eudora.