paru qu’on était reconnaissant de ce que j’avais bien voulu me déplacer même pour deux heures.
Parlons d’autre chose.
Il m’est venu, le 23, une lettre bien honnête de M. Tillet[1]. Il dit sommairement que, sans avoir jugé que tu étais éloigné, etc., il avait cru entrevoir que, tenant au fond de la chose et la défendant avec beaucoup d’énergie, tu ne te prêterais aux changements, etc., que par égard pour l’Académie. Mais que, ne tenant point à l’Introduction, il ne s’agissait plus d’un changement d’expressions qui, effectivement, pourrait ne contenter personne et que la discussion tombait totalement. Suivent des choses honnêtes et des assurances d’attachement. Aucune autre explication sur le comment cela se fera, ni sur l’Académie, ni sur les commissaires ; rien au monde que ce que je viens d’exprimer. Mon premier mouvement, je l’avoue, a été d’un peu de regret d’avoir lâché la bride à ces messieurs qui me paraissent évidemment avoir été fort embarrassés par tes réponses ; mais, en y réfléchissant, je crois qu’ils doivent l’être encore plus que ce bon M. Tillet ne semble le soupçonner, et je ne suis pas si fâchée : car, à tout prendre et en fournissant les pièces, tu seras en état de faire preuve à la fois d’une persuasion, d’une énergie, d’une modération qui ne se le cèdent point entre elles ; ainsi benissimo : attendons les autres, dont je n’ai toujours pas le moindre vent.
M. Hoffmann t’a écrit des remercîments, en t’envoyant une assignation à son ordre pour tes déboursés ; comme je n’ai pas besoin d’argent et que la nature du papier ne souffre pas du délai, je l’ai serré sans en faire usage.
- ↑ M. Tillet (1720-1791), membre et trésorier adjoint de l’Académie des sciences. Il était associé de la Société d’agriculture de Rouen (Tableau de Rouen, p. 433), d’où peut-être l’origine de sa bienveillance pour Roland. — Il s’agit ici de l’« Introduction » à l’Art du fabricant du velours de coton, dont l’Académie demandait la suppression. Voir Appendice G. — M. Tillet fut aussi un des commissaires nommés par l’Académie pour examiner un autre ouvrage de Roland, l’Art du tourbier, qu’il venait d’entreprendre. — Voir à ce sujet les lettres très vives des 5 août 1781, 29 juin et 10 juillet 1782, adressées par lui à M. Tillet (ms. 6243, fol. 122-123).