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déclara même qu’il serait obligé de quitter, si on lui en retirait un seul ; il a tenu parole, sitôt après l’arrestation de Champagneux[1].

Maintenant, Jany, parcourons un peu cet acte d’accusation qui va conduire à mort de nouveaux Sidney, à la suite desquels j’aurai l’honneur de me trouver[2].


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[À BOSC[3].]
20 (27) octobre 1793, — [de Sainte-Pélagie].

Votre lettre[4], mon cher Bosc[5], m’a fait un bien extrême ; elle me montre votre âme entière et tout votre attachement : l’une et l’autre sont aussi rares à mes yeux que précieuses pour mon cœur. Nous ne différons pourtant pas autant

  1. L’arrestation de Champagneux est du 4 août, et la démission de Garat du 15. – Voir Papiers Roland, ms. 6241, fol. 160-196, de nombreux renseignements sur le rôle de Champagneux auprès de Garat. – Cf. A. Schmidt, I, 138 ; II, 101.
  2. Aux six lettres à Jany qu’on vient de lire, il faut encore joindre, pour être complet :

    1° Un billet cité par M. Barrière (Notice, p. xli) et adressé peut-être aussi à Jany. Le voici :

    Je crois, mon ami, qu’il faut s’envelopper la tête ; et en vérité, ce spectacle devient si triste, qu’il n’y a pas grand mal à sortir de la scène ; ma santé a été fort altérée ; les derniers coups rappellent ma vigueur, car ils en annoncent d’autres à supporter. Adieu, je ne vis plus que pour me détacher de la vie.

    2° Un autre fragment, donné en note par le même éditeur (Notice, xxiii), mais qui semble se rattacher plutôt à quelque passage inédit des Mémoires.

  3. Ms. des Mémoires ; Bosc, II, 84 ; Faugère, II, 278. — La date inscrite au ms., mais de la main de Bosc, est 20 octobre ; lapsus évident ; aussi a-t-il imprimé 26 octobre. Nous croyons même qu’il aurait dû mettre 27. — Voir notre Étude critique sur les manuscrits de Madame Roland.
  4. Il y a dans le manuscrit : « Mon bon ami. » Bosc a biffé et écrit au-dessus : « Mon cher Bosc. »
  5. Dans un billet à M. Barrière (cité par Mlle Cl. Bader d’après l’autographe [Correspondant du 10 juillet 1892] et qui se trouve en copie au ms. 9533, fol. 342), Bosc raconte les circonstances qui expliquent cette lettre :

    Pendant tout le cours de sa détention, jusqu’au milieu d’octobre 1793, j’avais pu voir deux ou trois fois par semaine Madame Roland dans sa prison, par la protection de l’excellente Mme Bouchot, femme du concierge ; mais alors on mit un espion dans le guichet et il me devint impossible de pénétrer dorénavant jusqu’à elle. Ce fut peu de jours après cette complète séquestration qu’elle me demanda, par une longue lettre motivée, que j’ai trop bien cachée puisqu’il m’a été impossible de la retrouver lors de l’impression de la première édition de