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R[oland] prenait Coq[uéau] en grippe, par sa discussion ennuyeuse et bavarde ; c’était au point que, L[antHenas] étant passé à la Convention, il chargea Frépoul[1], déjà chef dans une autre partie, de diriger encore Cq. [Coquéau] afin de ne point travailler avec lui, et il aurait fini par le renvoyer.

Mais dans le tourbillon d’affaires, toujours nouvelles et toujours accumulées, les jours fuient comme des heures ; puis, on est si étonné que des gens qui paraissent capables de quelque chose ne soient pas au niveau de leur travail, que l’on craint de faire pis en leur substituant des personnes pour lesquelles on n’a que les mêmes données à peu près, et qui doivent avoir de moins ce que les premières ont déjà acquis par un peu d’usage. Sans contredit, la première qualité de ceux qui occupent de grandes places, c’est un prompt aperçu des mérites des subordonnés qui leur conviennent ; mais il faut voir beaucoup d’hommes pour juger et bien choisir, et, quand on arrive en place en sortant de son cabinet, il faut d’abord mettre du monde à la besogne avant d’avoir eu le temps d’examiner suffisamment. C’est ensuite par l’expérience, que rien ne supplée, qu’on juge et rectifie. Malheureusement, en révolution, le temps manque toujours, et quand un ministre commence à tout voir et tout ordonner, il est renversé.

Les bureaux de R[oland], à quelques défectuosités près, se montèrent supérieurement ; encore trois mois, le rouage eût été parfait[2]. Garat n’eût jamais soutenu ce fardeau du ministère sans les travailleurs que R[oland] avait placés ; il eut la bonne foi d’en convenir, et il

    la chute de Robespierre (Wallon, V, 168). — Voir Dauban, Démagogie, 249-253 ; Bailleul, Almanach des bizarreries humaines, p. 74-79.

  1. Cf. Mém., I, 42, 146 ; Fépoul. Lisez Faypoult (Guillaume-Charles), 1752-1817. Chef de la 2e division du ministère de l’Intérieur de 1792 à 1794, sous Roland, Garat et Paré (Alm. nat. de 1793, Alm. nat. de l’an ii ; cf. Biogr. Rabbe). Depuis, ministre des Finances au début du Directoire (2 octobre 1795-13 février 1796), puis agent diplomatique à Gênes, à Naples, où il fit destituer Championnet, préfet de l’Escaut sous l’Empire, préfet de Saône-et-Loire aux Cent-Jours, etc. Cf. Biogr. de Leipzig, et ad. Schmidt, III, 118.
  2. Cf. Mém., I, 42, et fragment des Mémoires inédits de Champagneux, Papiers Roland, ms. 6242, p. 192.