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Je me déciderai donc aussi à vendre quelque peu d’argenterie, je pourrai bien vous prier de me rendre ce service.

Je ne veux point voir Pk[1], et il ne faut pas qu’il demande de permission ; ne point prononcer mon nom auprès des autorités est le seul service qu’on puisse me rendre.

Adieu, cher Jany, adieu.


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À MA FILLE[2].
[8 octobre 1793, — de Sainte-Pélagie.]

Je ne sais, ma petite amie, s’il me sera donné de te voir ou de t’écrire encore. Souviens-toi de ta mère. Ce peu de mots renferment tout ce que je puis te dire de meilleur. Tu m’as vue heureuse par le soin de remplir mes devoirs et d’être utile à ceux qui souffrent. Il n’y a que cette manière de l’être.

Tu m’as vue paisible dans l’infortune et la captivité, parce que je n’avais pas de remords et que j’avais le souvenir et la joie que laissent après elles de bonnes actions. Il n’y a que ces moyens non plus de supporter les maux de la vie et les vicissitudes du sort.

    1793 (publiée en 1795 par Riouffe, Mém. d’un détenu, p. 158 de la 2° édition). — Cf. Mém. de Buzot, éd. Dauban, p. 25.


    Mentelle eut, dans ces mois de septembre et d’octobre, pour défendre Brissot et ses amis, un rôle beaucoup plus actif que nous ne l’avions cru d’abord. — Voir ms. 9533, fol. 232-238.

  1. Nous avions présumé, dans notre étude sur Jany, que ce sigle Pk pouvait désigner le peintre Pasquier, compatriote de Roland, ami dévoué du mari et de la femme (voir lettre du 23 novembre 1781) et connu de Mentelle. Mais il s’applique bien plus vraisemblablement à Panckoucke, qui, avec son associé Agasse, rendit aux Roland en 1793 divers bons offices (voir Souvenirs de Sophie Grandchamp). — Cf. ms. 9533, fol. 150-152.
  2. Bosc, II, 81, sous la date du « 18 octobre » ; Faugère, II, 276 ; — copie au ms. 9533, fol. 343-344 ; autre copie au ms des Mémoires (ms. 13736, fol. 202), de la main de Bosc, qui y a inscrit successivement les dates du 7 novembre, du 7 octobre, puis du 18 septembre, et a même ajouté « de la conciergerie »

    Nous croyons avoir établi (Révolution française de mars 1897) que cette lettre fut écrite le 8 octobre, au moment où, après le décret du 3 qui achevait la proscription en masse des chefs de la Gironde, Madame Roland projetait de ne pas attendre son jugement et, faute de poison, de se laisser mourir de faim.

    L’autographe, que nous avons examiné chez Mme  Taillet, arrière-petite-fille des Roland, ne porte aucune date.