Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
LETTRES DE MADAME ROLAND.

il m’a témoigné, plus d’une fois avant son départ, son étonnement de ne point recevoir votre envoi annoncé, la persuasion où il était qu’il me parviendrait pendant son absence, et le dessein qu’il avait que je vous en écrivisse, s’il n’arrivait rien de votre part. Assez occupé d’ailleurs par différents objets, qu’il avait mis de côté pour se livrer à celui qui vous regarde, M. de La Platière ne peut rester plus longtemps dans l’incertitude à cet égard. Privé de l’exemplaire de l’Encyclopédie qu’il pouvait autrefois se procurer ici, ne recevant pas celui que vous devez lui fournir, il n’a rien commencé de relatif au projet de travail formé avec vous ; trois mois sont déjà perdus, autant de retard à compter sur les parties qu’il devait vous fournir, en supposant qu’actuellement vous le mettiez à même de s’en occuper. Beaucoup de choses de goût le sollicitent d’un autre côté, et, si vous tardez encore à lui faciliter une décision en faveur de votre entreprise, vous ne devez plus compter sur sa coopération.

Je suis, Monsieur, avec des sentiments très distingués,

Votre très humble servante,
Phl. de la Platière.

16

À ROLAND, [EN VOYAGE][1]
21 mai 1782, – d’Amiens.

Il est douteux que tu reçoives cette lettre, je le sais, mon tendre ami ; mais il m’est doux de te l’écrire et de penser que peut-être tu la recevras avec plaisir ; je dis peut-être quant à la réception ; car je crois l’autre aussi certain pour toi que je le sens de tout ce qui me vient de ta part. Où es-tu dans ce moment ? Tu es encore bien loin de revenir ! Jamais l’empire de l’habitude ne s’est uni plus fortement à l’effet d’un attachement profond, qu’il ne l’est actuellement chez moi pour

  1. Ms. 6238, fol. 137-138.