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fait soigneusement informer s’il était vrai que ce fût moi qui eût été transférée.

Puissent ces détails porter quelque baume dans ton cœur !

Va ! nous ne pouvons cesser d’être réciproquement dignes des sentiments que nous nous sommes inspirés ; on n’est point malheureux avec cela. Adieu, mon ami ; mon bien-aimé, adieu !


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[À LAUZE DE PERRET, À PARIS[1].]
24 juin 1793, — de l’Abbaye.

Brave citoyen, je vous fais passer mon véritable interrogatoire[2], dont la publicité est la seule réponse qu’il me convienne de faire aux mensonges de Duchesne et de ses pareils.

Si toute communication n’est point encore interdite avec nos amis détenus, dites-leur que l’injustice qu’ils éprouvent est la seule qui m’occupe. Quoi ! ce, peuple aveuglé laissera donc périr ses meilleurs défenseurs ! Ce pauvre Bot[3],

  1. Champagneux, III, 434 ; — Faugère, I, 131 ; — Archives nationales, W 294, dossier 227, cote 1. — Nous suivons le texte de l’autographe des Archives.
  2. En publiant la lettre du 9 juin, Dulaure avait embarrassé la commune de Paris. Aussi, trois jours après, le 12 juin, Madame Roland vit-elle arriver Louvet, membre de la commune, administrateur de police, pour procéder enfin à son interrogatoire. Champagneux a publié (III, 387-391) le texte du procès-verbal officiel. Mais Madame Roland tint à en rédiger un de son côté et l’envoya à Dulaure, qui le donna dans son journal (nos des 21 et 22 juin), en le faisant précéder des lignes suivantes : « Je me fais un devoir religieux, quelles que soient les préventions publiques, d’offrir aux personnes accusées un moyen de répandre leur justification. C’est ce qui me détermine à publier ici l’interrogatoire de la citoyenne Roland. Il n’y a que les lâches ou des hommes sans équité qui puissent blâmer cette conduite. Dulaure. »

    On voit que Madame Roland envoie ici à de Perret soit le journal de Dulaure, soit une copie manuscrite.

    Bosc (II, 103-106) et Faugère (I, 126-130) ont donné cet « interrogatoire de Madame Roland, écrit par elle-même. »

  3. Brissot. — Décrété d’arrestation le 2 juin, il s’était enfui pour passer en Suisse, avait été reconnu et arrêté à Moulins le 10 juin (voir le procès-verbal de son arrestation dans Dauban, Mém. de Petion p. 539-542) et, dès le 13, la Convention en était informée (Moniteur du 14). Le 22 juin, le Comité de Saint public, avisé que l’escorte qui le conduisait à Paris venait d’arriver à Villejuif, ordonnait qu’il serait