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sous le titre de Histoire des Brissontins ou fragment de l’Histoire secrète de la Révolution. Le rapport, confié à Brival, ne fut lu à la Convention que le 19 mai. Il prouva — ce qu’on savait de reste — que Roland avait été à toute heure le ministre du parti-brissotins, mais ne put établir la moindre relation entre lui et Dumouriez, depuis que ce dernier avait commencé à conspirer contre la liberté de son pays.

Roland riposta avec intrépidité, le 21 mai, par une brochure de 12 pages : Observations de l’ex-ministre Roland sur le rapport fait contre lui par le député Brival (in-8°, Impr. de P. Delormel, rue du Foin-Saint-Jacques). Discutant à peine les insinuations de Brival, il songe avant tout à justifier, nous dirons même à glorifier son ministère, à invoquer le jugement de la postérité, à affirmer une fois de plus qu’il s’est retiré par patriotisme, pour ne pas diviser plus longtemps le Conseil exécutif et l’Assemblée.

Le rôle du ministre démissionnaire nous apparaît donc fort net en toutes circonstances : abandonné par son parti, brisé par ses chagrins domestiques secrète, il n’aspire qu’à se retirer, à aller vivre dans l’obscurité, mais sans rien renier de ce qu’il a fait ou voulu faire.

Madame Roland s’associait-elle sans réserves à ce dessein de retraite ? Elle le dit en plusieurs endroits des Mémoires, et, pour le contester, il faudrait apporter des preuves ou des commencements de preuves. Quoi qu’on en ait dit, nous ne trouvons aucun indice de son intervention pour faire échouer cette tentative de réconciliation entre Girondins et Montagnards qui aurait été essayée au milieu de mars 1793. Ce qui est certain, c’est qu’au moment où éclata l’insurrection du 31 mai, elle venait de demander des passeports pour se retirer à la campagne avec sa fille, et aussi pour retrouver, en s’éloignant de Buzot, la paix intérieure (Mém., I, 6-7).


III

DU 31 MAI AU 8-11 NOVEMBRE 1793.

Le 31 mai au soir, des commissaires du Comité révolutionnaire de la Commune insurrectionnelle se présentent rue de La Harpe pour arrêter Roland. Il réussit à s’échapper. Mais dans la nuit du 31 mai au 1er juin, d’autres commissaires vont arrêter Madame Roland et la conduisent à l’Abbaye.

Une tradition que tout semble confirmer veut que ce soit le fidèle Bosc qui