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ANNÉE 1793.


AVERTISSEMENT.

Il n’y a pas lieu ici de refaire l’histoire des Roland en 1793. Cette dernière année de leur vie relève de l’histoire générale pour les grands faits : quant aux circonstances particulières nécessaires à l’explication des Lettres, nos notes suffiront. Mais nous croyons utile, dans cet Avertissement, de combler les lacunes de la Correspondance.


I

LA DÉMISSION DE ROLAND.

Aux premiers jours de 1793, malgré les colères des journaux jacobins, les dénonciations des clubs, les attaques dans l’Assemblée, Roland ne songeait pas à se retirer du ministère. Le 15 janvier, Madame Roland écrivait à Lavater : « La proscription flotte sur nos têtes, mais il faut ramer toujours… » Le 19 janvier, dans un placard adressé aux Parisiens, Roland avait dit : « J’attends qu’on me renvoie ou qu’on m’immole, et je demande qu’on me juge… » (ms. 9532, fol. 334, imprimé[1]), quand soudain, à la séance de la Convention du 23 janvier, le président (Vergniaud) donna lecture d’une longue lettre de lui, datée du 22 et commençant ainsi : « Je viens offrir à la Convention mes comptes, ma personne et lui donner ma démission… »

Comment expliquer ce revirement ? Que s’était-il passé dans ces trois jours d’intervalle ?

La mort du Roi ? Faudrait-il admettre que Roland, secrètement opposé a l’exécution du 21 janvier (Sophie Grandchamp le prétend et divers indices le confirment), mais ne voulant pas déserter son poste pendant la crise du jugement, aurait attendu qu’elle fût terminée pour reprendre sa liberté ? Ce n’est pas impossible, mais rien ne prouve qu’il ait raisonné ainsi.

  1. Le Moniteur du 21 janvier reproduisit la pièce. Elle est aussi dans Girardot, p. 198.