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l’opinion, au soin de faire servir toutes les affections volontaires et autres, douces ou amères, à développer l’activité de l’esprit, à la tourner vers un but d’utilité.

Vos expressions, vos suppositions de mépris me déchirent ; elles sont fausses. Ce n’est point cela. Vous le sentez bien.


514

À LANTHENAS, [À PARIS[1].]
[Décembre ? 1792, — de Paris.]

Vous me désolez, car je hais de causer du mal, car je vous estime et vous suis attachée, et je redoute ou m’afflige plus particulièrement d’en causer à vous-même. Mais, eussiez-vous mille fois raison, l’empire que j’ai reconnu est établi et je ne puis plus m’y soustraire. Il n’est pas vrai que vous vouliez en moi haine ni désespoir : la première est impossible ; l’autre vous ferait mourir de regret, et d’ailleurs on ne le connaît plus que pour l’objet dominant qui seul à droit d’y porter. Vous qui invoquez la raison et réclamez contre les travers du cœur, soyez assez généreux pour être mon ami. Cet effort peut prévenir bien des maux ; mais aucun de ceux-ci ne peut changer ma destinée qu’en l’abrégeant.


515

À LANTHENAS, [PARIS[2].]
[Décembre ? 1792. — de Paris.]

Oui, je vous ai parlé ce matin avec un accent que vous avez dû trouver nouveau ; mais, lorsque je vous ai si bien témoigné à quelle occasion se déve-

  1. Ms. 9533, fol. 274-275. On lit sur le folio extérieur, de la main de Madame Roland : « M. Lanthenas ». Et sur un pli de l’adresse, de la main de celui-ci : « Madame Roland ». Une écriture inconnue, en marge de la lettre, a inscrit : « n° 8 ».
  2. Publiée en 1864 par M. Faugère (Mém., II, 310-311), sans qu’il ait indiqué